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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Marcel Coadou

7 victoires sûres, 8 victoires probables
Palmarès détaillé »

C’est dans le port breton de Saint-Brieuc que voit le jour Arthur, Marie, Marcel (prénom d’usage) Coadou le 7 février 1897. Son père le verrait bien devenir marin comme lui et l’emmène très tôt en mer. Mais l’appel du large ne prend pas : malade en haute mer, le jeune garçon prend en horreur ce métier et reste bien plus volontiers à terre aider sa mère qui possède un verger et produit son cidre qu’elle vend dans son débit de boissons qui fait également office de cantine. A l’adolescence, il se découvre une passion pour le dessin et la mécanique, qu’il peut pratiquer dans un garage voisin et où il devient apprenti.

Quand éclate la guerre, Marcel Coadou n’est âgé que de 17 ans, n’a pas fait son service militaire et n’est pas encore mobilisable. Il sert néanmoins l’effort de guerre en servant de chauffeur improvisé pour l’hôpital local qui voit affluer les blessés. Il réalise que la guerre peut-être pour lui l’occasion de réaliser son rêve de devenir aviateur. Il fera le nécessaire pour forcer le destin : muni de ses économies, il part pour l’école Blériot de Buc et le 6 mai 1915 passe son brevet de pilote civil. Rentré chez lui avec ce précieux sésame, il s’engage volontairement dans l’armée le 30 juin 1915 et peut ainsi choisir son arme : l’aviation militaire, où il est immédiatement accepté. Après de courtes classes, il est dirigé vers l’école de pilotage d’Etampes où il obtient son brevet militaire et se retrouve placé avec des galons de caporal au Groupement des Divisions d’Entrainement en janvier 1916, où il attendra près de trois mois qu’une place se libère en escadrille pour être affecté à l’escadrille C 9 en Lorraine le 24 avril 1916.

Il y effectue ses premières missions sur les lignes à bord d’un Caudron G.4 en étant promu sergent en juillet. Il croise parfois des appareils allemands qu’il attaque systématiquement au point de se trouver une passion pour la chasse, rentrant plusieurs fois avec son appareil troué de balles ennemies. Son agressivité finit par être remarquée par sa hiérarchie et il obtient, après une formation au GDE, de passer dans la chasse à l’escadrille N 88 stationnant à Belfort le 3 mai 1917, regroupée avec trois autres escadrilles pour former le GC 13.

Volant sur un Nieuport 24 qu’il baptise « Judex » (un justicier masqué), Marcel Coadou va multiplier les combats sans remporter le moindre succès, sur le secteur de l’Aisne au mois de juin puis sur la Marne à la fin de l’année 1917. Durant l’été, il récupère un des premiers SPAD VII de son escadrille, un appareil défectueux délaissé par son chef d’escadrille qu’il fait réparer au parc du GC 13. L’appareil est désarmé mais il va faire plusieurs missions à son bord pour escorter des avions de reconnaissance et bluffer les chasseurs allemands. Promu au grade d’adjudant en octobre 1917, il doit attendre le 2 février 1918 pour revendiquer sa première victoire dans le secteur de Reims, mais qui ne lui sera pas homologuée. Le GC 13, rattachée à la Division Aérienne, va connaître de nombreux combats lors des offensives allemandes de printemps et Marcel Coadou, promu sous-lieutenant le 7 mars, revendique trois nouvelles victoires en avril et mai sur la Somme sans parvenir à se les faire homologuer, tout en multipliant les missions de mitraillage au sol de troupes allemandes.

Il finit par remporter sa première victoire officielle en descendant un biplace dans l’Aisne le 19 mai 1918 mais n’aura pas plus de chance avec les deux revendications suivantes. Ce sont les conseils que lui prodigue l’as Gabriel Guérin avant sa mort accidentelle le 1er août 1918 qui permettront à Coadou d’augmenter son score : il comprend qu’il faut tirer sur l’avion ennemi à bout portant. Il remportera ainsi 6 autres victoires homologuées durant les derniers mois de la guerre où il reçoit en outre le commandement par intérim de son escadrille SPA 88 de septembre à octobre 1918. La citation de la légion d’honneur qu’il reçoit peu de temps après l’armistice fait mention de 7 victoires officielles (sur 15 revendiquées), mais il parviendra à s’en faire homologuer deux autres après la guerre, portant son total à 9.

Malgré son souhait de rester faire carrière dans l’armée, il est démobilisé en octobre 1919 et s’installe à Paris où il se marie et travaille comme directeur technique dans un atelier de fabrication de bougies d’allumage. Mais l’envie de voler reste forte et il passe en février 1923 le brevet de pilote de transport civil avant d’entrer à la compagnie franco-roumaine de navigation aérienne. Il y effectuera près de 90 liaisons sur la ligne Prague-Varsovie sur Potez VII ou Berline SPAD-Herbemont avant qu’une pleurésie ne le contraigne à retourner dans son pays natal au mois de novembre suivant.

Il y trouve un emploi de directeur d’une carrière de granit à Plemeur-Boudou mais en démissionne en 1929, après avoir divorcé de son épouse deux ans plus tôt. Après avoir tenté de se lancer dans la construction automobile (et réalisé un prototype de voiture, l’aérolithe), c’est vers l’air qu’il va se tourner. Après avoir effectué des démarches en préfecture, il obtient le 4 juillet 1931 une autorisation d’ouverture d’un terrain d’aviation sur la commune de Saint-Michel en Grève, sur la plage. Il va y monter un petit aéroclub qui va prospérer et contenir jusqu’à trois appareils, dont le Farman 232 personnel de Marcel Coadou avec lequel il donne des baptêmes de l’air et des cours de pilotage. Une de ses jeunes élèves deviendra son épouse en 1937, avec laquelle il va fonder une famille de quatre enfants.

Devenu moniteur de l’aviation populaire, Marcel Coadou perçoit l’évolution de la situation internationale et rempile dans l’armée de l’air à la fin de l’année 1937 en tant que capitaine de réserve en situation d’activité. Il va être affecté à la 2e escadre aérienne de Chartres sur Dewoitine 500 puis Morane 406, étant promu au grade de commandant en 1939 et nommé officier en second du GC I/2 peu avant la déclaration de guerre. Effectuant quelques missions de guerre durant la drôle de guerre, il va rencontrer l’ennemi pour la première fois le 22 avril 1940 en croisant la route d’un Dornier 17 qu’il attaque avec ses deux équipiers, mais sans parvenir à le descendre. Au moment de l’attaque allemande, il effectue une ultime mission de guerre le 10 mai avant de poursuivre la campagne cantonné à un rôle administratif et d’encadrement.

Démobilisé en août 1940, il s’emploie à retrouver son épouse et ses deux enfants en bas-âge perdus dans l’exode, puis rentrer avec eux dans sa propriété au manoir de Trovern, sur la commune de Tréburden dans les côtes d’Armor. L’ambiance est loin d’être à la fête : la Bretagne est dans la zone occupée par les allemands, qui détruisent les installations de l’aérodrome de St-Michel en Grève et minent la plage… Qui plus est, les troupes d’occupation réquisitionnent sa propriété pour y loger des officiers : il devra cohabiter avec l’occupant dans sa maison jusqu’en 1944, n’ayant à sa disposition pour sa famille qu’une partie de la maison. Approché par des notables vichystes, il décline poliment toute proposition et travaille pour la résistance en renseignant le réseau « Asturies » sur les positions des défenses allemandes dans la région. Lors des combats de libération de la Bretagne en août 1944, il doit disparaître pour se soustraire à la répression des SS, et rejoint les FFI de Trébeurden avec sa voiture personnelle. Dès le retour du gouvernement provisoire à Paris, Marcel Coadou va au mois d’octobre 1944 se rendre à Paris en vélo pour rencontrer le général Bouscat, chef d’état-major de l’armée de l’air, et se mettre à la disposition de celui-ci en demandant à servir de nouveau comme officier en situation d’activité. Il n’obtiendra pas satisfaction, probablement déjà en raison de son âge (47 ans), mais aussi et surtout en raison de démêlés avec les autorités locales de la libération où des jalousies locales venant de résistants communistes l’accusent de collaboration. Il n’aura aucune condamnation judiciaire mais les autorités de l’armée de l’air, circonspectes, refusent sa réintégration.

Marcel Coadou va alors quitter la Bretagne et vendre ses propriétés pour s’installer à St Germain en Laye, puis dans le Var en 1948 où il va avec son épouse devenir moniteur de vol à l’aéroclub de Fréjus/St Raphaël, formant de nouveaux pilotes jusqu’à sa retraite. Il s’éteint le 22 octobre 1985 à Saint Raphaël à l’âge de 88 ans.

Sources

  • Dossier individuel SHD n°1P 31 602/2
  • Témoignage personnel - SHD Histoire orale n°41

Palmarès de Marcel Coadou

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
P1 02-févr-18 SPA 88 Albatros Reims
P2 01-avr-18 SPA 88 Biplace Montdidier
P3 06-avr-18 SPA 88 Biplace Faverolles / Piennes
P4 02-mai-18 SPA 88 Albatros D Dompierre / Godenvillers
1 19-mai-18 SPA 88 Biplace Grisolles
P5 20-mai-18 SPA 88 Biplace Assainvillers
P6 21-mai-18 SPA 88 Biplace Noyon
2 01-août-18 14h15 SPA 88 Fokker D VII Villemoyenne Pilote ennemi capturé (Ltn d R Walter Lehmann, Js 10.
P7 03-sept-18 SPA 88 Fokker D VII Forêt de St-Gobain
3 04-sept-18 18h15 SPA 88 Fokker D VII Juvigny Capturé. Avec Adj François Delzenne et Adj Pinot
4 24-sept-18 SPA 88 Biplace NE. Cernay en Dormois
P8 26-sept-18 SPA 88 Fokker D VII Mouzerville-Louvemont Non mentionnée dans ses citations
5 01-oct-18 15h00 SPA 88 Fokker D VII N. Somme-Py Avec Adj Sereine
6 09-oct-18 16h30 SPA 88 Fokker D VII Montfaucon - Romagne
7 29-oct-18 SPA 88 Fokker D VII Consenvoye (N. Verdun)