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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Marcel Henriot

6 victoires sûres, 2 victoires probables
Palmarès détaillé »

Le 3 septembre 1896 naît au domicile de sa grand-mère, une marchande de fruits de la commune de Saulnot (Haute-Saône) le jeune Marcel, Laurent, Jean, Baptiste Poirey. Il porte le nom de sa mère, Maria Constance Poirey, une jeune fille de 19 ans sans profession, car il est né de père inconnu. Mais en 1902, ce dernier, Eugène Henriot (24 ans) va se manifester et « régulariser » sa situation en épousant la mère de l’enfant qui dès lors va porter le nom de Marcel Henriot. Le jeune garçon, qui va rester enfant unique, va grandir dans une famille de modestes cultivateurs avec l’exploitation agricole pour seul horizon. La guerre éclate alors qu’il n’a pas effectué son service militaire et exerce alors la profession de voiturier, c’est-à-dire transporteur de marchandise.

Il décide par patriotisme de devancer sa mobilisation en s’engageant volontairement dans l’armée le 2 janvier 1915 à la mairie de Vesoul et se retrouve incorporé comme simple soldat au 44e régiment d’artillerie de campagne, combattant pendant 18 mois avec cette unité en Champagne, sur la main de Massiges et sur le secteur de Verdun, mois durant lesquels il aura été promu brigadier en août 1915. Une blessure à la main le 12 mai 1916 interrompt sa carrière d’artilleur et l’envoie à l’arrière pour se rétablir, période durant laquelle il se porte volontaire pour l’aviation et où il est accepté à la fin du mois de juin.

Dirigé vers les écoles de pilotage, il en ressort breveté et après un court passage au Groupement des Divisions d’Entrainement, il est affecté à une escadrille opérationnelle, la N 65, qu’il rejoint le 20 mars 1917. Le jeune pilote, comme le soulignera à juste titre sa première citation, fait dès son arrivée au front preuve de qualités exceptionnelles et de mordant puisqu’il abat le 24 avril 1917 un chasseur ennemi au-dessus de la forêt de Pinon, dans l’Aisne, en pleine bataille du Chemin des Dames et à peine un mois après son arrivée en unité. Le 13 novembre 1917, il remporte sa 2e victoire en capturant un Albatros D.V dans des conditions épiques décrites par son équipier, le MdL Lienhard, dans le journal de marche de l’escadrille : « Patrouille basse. Je me trouve avec Henriot au-dessus du canal, nous jouons à cache-cache dans la brume. Je sors de la brume, je cherche Henriot : c’est un boche que je vois ! J’en tombe sur le cul, mais ne suis pas long à me relever. Après un petit tour dans la brume, je pique et pour la seconde fois je vois ce boche devant moi assaisonné par Henriot. Je tire. Enrayage ! Le boche commence à s’affoler. Il pique mais se trompe de de côté et c’est chez nous qu’il descend. Je le rattrape dans son piqué. Je tire : enrayage ! Zut ! Un petit tour et je le perds de vue. Heureusement qu’Henriot suivait le coup ! Le boche fait du rase-mottes sur la route de Laffaux. Toute la sauce ! Henriot enraye, fait des cabrioles derrière lui. Nous passons Laffaux. Je suis 50 mètres derrière le boche. J’encaisse les remous ! Je vise, le tire de 10 balles. Enrayage. Le Fritz en a assez. Un terrain devant lui : il se pose telle une fleur. Aussitôt qu’il touche le Fritz descend, court en milieu du terrain, lève les bras au ciel : « Kamerad ! » Henriot atterrit à côté de lui. Présentations ! Enfin un que nous ramènerons par les oreilles, dit Henriot. Le capitaine part nous rendre visite. Il vient essayer le moulin de l’Albatros de chasse. Le feu dans l’appareil étant éteint, nous arrivons à faire marcher le moteur. C’est à moi que revient l’honneur de ramener l’appareil sur le terrain. Henriot fait le chien de berger derrière moi. Nous arrivons sur le terrain de Maisonneuve. Atterrissage comme une fleur. Ovations ! Bar ! Porto ! Champagne !  »

Henriot remportera une 3e victoire en novembre et sera promu au grade d’adjudant au mois de janvier 1918. Plusieurs mois vont s’écouler avant ses nouveaux succès, trois nouvelles victoires remportées en juin, août et septembre 1918.

Une fois l’armistice arrivée, Marcel Henriot est toujours sous le coup de son engagement et va rester dans l’escadrille SPA 65 qui stationne alors en Allemagne occupée en 1919. Désireux de rester dans l’armée, il va se rengager pour 2 ans à la 2e escadre aéronautique le 14 juin 1919 puis être affecté le 1er janvier 1920 au 1er régiment de chasse de Strasbourg. Il se rengagera à plusieurs reprises au terme de ses contrats et sera promu au grade d’adjudant-chef le 1er janvier 1926, étant affecté le 2 décembre 1937 au 37e régiment d’aviation du Levant (Syrie) où il sera admis d’office le 1er juin 1928 dans le corps des sous-officiers de carrière. Il revient en France deux années plus tard et va continuer de voir du pays en étant affecté le 18 mars 1932 à l’aéronautique d’Indochine, mais y restera assez peu de temps car il est affecté le 16 décembre de cette année au 4e groupe d’ouvriers aéronautique, qui devient le 4e bataillon de l’air.

Il connait en fait des problèmes de santé : le 19 octobre 1933, la commission de réforme de Bordeaux le propose pour un maintien en activité avec 15% d’invalidité, pour légers troubles cardiaques – « légère séquelle de pleurésie base droite et légers troubles nerveux ». Il ne tarde pas à quitter l’armée de l’air le 30 décembre 1934 et déclare se retirer à Montbéliard (Doubs), puis s’installe à La Teste en Aquitaine selon son dossier militaire qui le recense à ce lieu en 1935 et 1937. Non mobilisé en 1939, il n’a semble-t-il pas participé à la seconde guerre mondiale et son nom n’apparaît pas dans les dossiers de la résistance, comme d’ailleurs de la collaboration. On ne connaît rien d’autre de sa vie si ce n’est la date de son décès, survenu à Nantes le 19 novembre 1952, à l’âge de 56 ans.

Sources

  • Registre matricule Vesoul n°1493 Classe 1916

Palmarès de Marcel Henriot

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
1 24-avr-17 17h20 N 65 SPAD VII n°1194 Chasseur Foret de Pinon (Aisne) FA 253, Ltn Walter Rudatis et Ltn Karl Jaeger tués.
P1 20-août-17 N 65 SPAD VII n°405 Albatros D Samogneux
P2 24-oct-17 16h25 N 65 SPAD VII n°405 Biplace S. Forêt de Pinon
2 13-nov-17 14h00 SPA 65 SPAD XIII n°1951 "7" Albatros D Dammarie-sur-Saulx (Meuse) Avec MdL Lienhard – Avion capturé, Uffz Theodor Seffig Jasta 34b
3 22-déc-17 SPA 65 SPAD VII n°4252 Biplace Louvercy (Marne) Avec S/Lt G. Guérin (SPA 15) et Sgt Garaud (SPA 38) – Avion capturé, FA 251 Ltn Bruno Gross (capturé) et Ltn Adolf Gerhardt (tué)
4 28-juin-18 SPA 65   Avion Chaudun (Aisne)
5 15-août-18 SPA 65   Avion   Avec Lt Nungesser et Sgt Millot
6 28-sept-18 15h12 SPA 65   Avion NE. Sommepy (Marne)