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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Albert Auger

7 victoires sûres, 9 victoires probables
Palmarès détaillé »

Albert, Victor, Robert Auger voit le jour à Constantine, en Algérie, le 26 janvier 1889, dans un milieu des plus militaires où son père prénommé Michel est capitaine au 3e régiment de zouaves et atteindra le grade de général de brigade en 1910. Le jeune garçon va grandir avec ses 3 frères et sœurs dans diverses villes de garnison, et dès l’âge de 8 ans va quitter le foyer familial pour étudier au Lycée Buffon à Paris en tant qu’externe, où son père lui a obtenu une bourse d’études. On sait de ses jeunes années qu’il se passionne pour le sport et se montre doué pour le dessin et l’aquarelle, remportant un prix en 1901 pour une de ses œuvres exposées au Petit Palais. Suivant une voie toute tracée par son père, il s’engage dans l’armée à 18 ans dans l’armée en se présentant à la Mairie de Montauban le 24 octobre 1907 où il signe un contrat de 3 ans et choisit d’être incorporé au 11e régiment d’infanterie encaserné dans cette ville.

Il y passera les deux premières années de sa vie militaire, obtenant des galons de sergent moins d’un an plus tard. Muté en octobre 1909 au 8e bataillon de chasseurs à pied à Amiens, il s’y rengage au terme de son contrat et y réussit le concours de l’école militaire d’infanterie qu’il rejoint en novembre 1911. Il en sort un an plus tard avec des galons de sous-lieutenant et se retrouve affecté au 31e régiment d’infanterie de Paris, où il sert toujours quand éclate la guerre.

Le 31e RI est envoyé sur le front de la IIIe armée française dans les Ardennes, faisant partie de la 10e Division d’Infanterie que commande précisément le général Michel Auger. Les troupes françaises vont mener de désastreuses charges d’infanterie, sans préparations d’artillerie, contre des troupes allemandes qui se défendent du feu de leurs mitrailleuses. C’est lors de l’une d’elles que le sous-lieutenant Auger va tomber grièvement blessé de trois balles aux jambes le 31 août 1914, au sud de Vaux en Dieulet. Envoyé en convalescence, il est promu au grade de lieutenant le 1er octobre 1914 et est décoré de la croix de chevalier de la légion d’honneur le 8 novembre suivant. Mais malgré sa guérison, il ne retrouvera jamais sa forme physique et se révèle inapte à reprendre le combat dans l’infanterie.

Brulant du désir de retourner se battre, il se porte alors volontaire pour l’aviation qui recrute à ce moment des volontaires dans toutes les armes. Devenu élève-pilote le 25 janvier 1915, il suit les cours de pilotage à l’école de Pau et se retrouve affecté le 14 Mai 1915 à l’escadrille C 11 dirigée par le capitaine Vuillemin, et qui se trouve être l’escadrille d’observation de la Région Fortifiée de Verdun. Il va y servir pour une durée de dix semaines, réalisant sur Caudron G.3 plusieurs missions de reconnaissance et de réglage d’artillerie sur les lignes allemandes. Il la quitte à la fin du mois de juillet 1915 pour la N 31 de Toul car il souhaite combattre dans la chasse au moment où celle-ci se forme sur les premiers Nieuport 10. Auger en prendra le commandement le 22 septembre 1915 après la mort en combat aérien de l’officier commandant en titre, le capitaine Louis Mathieu.

Promu au grade de capitaine à la fin de l’année 1915, il passe sur chasseur Nieuport 11 que reçoit son unité. Lors de la bataille de Verdun, la N 31 reste officiellement basée à Toul mais envoie un détachement à Ancemont où va combattre Auger, ce qui lui donnera l’occasion de croiser le fer avec l’aviation ennemie de manière intense. Le 13 mars 1916, il remporte sa première victoire homologuée contre un LVG C, suivie d’une autre le 2 avril 1916 en escortant son ancien chef d’escadrille le capitaine Vuillemin qui pilote un Caudron G.4. Dès le lendemain, lors d’une nouvelle escorte, il descend le Fokker Eindecker de l’as allemand Bruno Loerzer qui se pose blessé dans les lignes allemandes mais la victoire ne lui est pas homologuée. Sa chance l’abandonne le 16 avril 1916 où son Nieuport s’écrase dans des circonstances inconnues. Alfred Auger survit au crash avec une fracture à la mâchoire et une forte commotion cérébrale. Évacué vers l’arrière, il est rayé des contrôles de son escadrille le 28 avril et entame une nouvelle longue convalescence...

C’est sur sa demande et avant même sa guérison complète qu’il retourne au front en proposant ses services au capitaine Brocard, qui commande alors la célèbre escadrille d’élite N 3 dite des Cigognes. Brocard le tient justement en très haute estime et l’intègre dans son escadrille, en lui confiant un des rares SPAD VII 150 ch de l’escadrille (n°158) sur lequel il exerce ses talents d’artiste en se peignant une cigogne personnalisée qui tient un soldat allemand miniature dans son bec. Le SPAD sera détruit lors d’un bombardement mais Auger en obtiendra un autre (n°170) et va prendre l’habitude d’effectuer des patrouilles en solitaire sur le front. Alors que la N 3 stationne dans la Somme, il obtient sa 3e victoire officielle sur un vieux Nieuport emprunté le 9 février 1917. Cette habitude d’attaquer seul manque de lui coûter la vie le 16 février suivant quand il s’en prend à 4 monoplaces sur Lunéville, qui lui infligent une sévère correction et le forcent à se poser dans la nature avec « des balles un peu partout – légères égratignures ». Ce qu’il n’indique pas dans le journal de marche de l’escadrille, c’est qu’une balle a traversé son portefeuille et n’a été arrêtée que par la liasse de billets qui s’y trouvait...

Retrouvant les commandes du SPAD VII, il reçoit notamment un appareil neuf (n°1416) à moteur surcompressé de 180 ch avec lequel il va remporter la plupart de ses nouvelles victoires lors de l’offensive du Chemin des Dames, où il obtient sa 4e victoire officielle le 22 avril 1917 ainsi que plusieurs probables, dont une remportée le 2 mai 1917 contre un avion qu’il doit laisser filer, mais dont il reçoit une balle qui lui traverse l’habitacle et le manque de peu... Son SPAD VII n°1416 sera désormais décoré d’une fleur peinte à l’emplacement de l’impact !

Le 5 mai 1917, Albert Auger va prendre le commandement de l’escadrille N 3 en remplacement du capitaine Heurtaux blessé au combat. Il va devenir l’égal des prestigieux pilotes qu’il a désormais sous ses ordres en devenant comme eux un as en remportant sa 5e victoire homologuée le 11 mai 1917, qui lui permet d’être cité dans le communiqué aux armées et de voir son nom dans les journaux.
Après deux autres victoires homologuées remportées sur le secteur du Chemin des Dames au mois de juin 1917, Auger s’envole avec son escadrille pour le front des Flandres afin d’y renforcer l’aviation et l’armée britannique menant une offensive sur le secteur. S’installant sur le terrain de Bergues, les pilotes de chasse françaises vont y faire face à une aviation allemande au point culminant de son efficacité, formée de chasseurs chevronnés ayant remporté d’impressionnant tableaux de chasse face à une aviation britannique très inférieure techniquement, et qui plus est utilisant des tactiques de chasse éprouvée en sortant en patrouilles de six appareils.

Les pilotes de chasse français prennent tardivement conscience de ce fait pour s’organiser en patrouilles comparables. Auger, as et chef d’escadrille, ne renonce pas aux patrouilles en solitaire, ce qui lui est fatal le 28 juillet 1917. Attaquant seul un groupe de cinq chasseurs ennemis, il est touché dans le combat aérien par une balle qui le touche à l’oreille et lui ressort par le nez. Perdant son sang en abondance, il parvient à s’extirper du combat et à revenir se poser dans les lignes alliées entre Woesten et Zuydchotte où il meurt peu de temps après.

Sources

  • Journal Officiel
  • La guerre aérienne illustrée.
  • Article de Marc Chassard dans AVIONS n°150

Palmarès de Albert Auger

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotesArchives allemandesHomologation
P1 21-févr-16 N 31 Avion Chaussée
1 13-mars-16 N 31 LVG C Cumieres KG 2 - Ltn Wilhelm Otto tué à Douaumont Citation OA - JORF 21 mai 1916 p.4464
2 02-avr-16 N 31 Albatros D Creux
P2 03-avr-16 N 31 Fokker E St-Maurice Obltn Bruno Loerzer (KEK Jametz) blessé ce jour.
P3 25-janv-17 13h50-15h30 N 3  ? Biplace Péronne
3 09-févr-17 15h30 N 3 Nieuport Albatros Rogeville Citation OA - JORF du 18 juillet 1917 p.5558 "3e avion abattu"
P4 16-avr-17 14h45 N 3 SPAD VII n°1414 (6 ?) Biplace Prouvais / Amifontaine
P5 19-avr-17 14h51 N 3 SPAD VII n°1416 Chasseur Orangeville
4 22-avr-17 19h10 N 3 SPAD VII n°1416 Biplace Lierval FA 212 - Uffz Gustav Richer et Ltn Erich Bersu, tués à Chevregny tout près de Lierval Citation OA - JORF du 9 août 1917 "4e avion ennemi"
P6 02-mai-17 Après 17h50 N 3 SPAD VII n°1416 Avion Reçoit 3 balles
5 11-mai-17 11h25 N 3 SPAD VII n°1416 Biplace Vailly Avec Lt Joseph de Sevin Citation OA - JORF 11 mai 1917 p.7344 "5e avion ennemi"
P7 24-mai-17 8h30 N 3 SPAD VII n°1416 Biplace Fresnes
P8 25-mai-17 8h30 N 3 SPAD VII n°1416 Biplace Berrie
6 04-juin-17 20h05 N 3 SPAD VII n°1416 Avion Grandelain Homologué JMO escadrille SPA 3
P9 17-juin-17 10h-12h N 3 SPAD VII n°1416 Avion Chauxxxx(?)
7 28-juin-17 17h00 N 3 SPAD VII n°1429 Avion O. Pontavert Homologué JMO escadrille SPA 3