- Sous-lieutenant Maurice Boyau
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 20 février 1916 (brevet n°2705)
- Cité dans le communiqué aux armées du 11 octobre 1917
- Escadrilles SPA 77
- Né le 8/05/1888 à Mustapha (Algérie)
- Mort le 16/09/1918 à Harville (Meuse) (Mort au combat)
Décorations
- Officier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
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Croix de Guerre
16 palme(s)
1 étoile(s) d'argent
Profils
Maurice Boyau
Le grand Maurice Boyau
35 victoires sûres (dont 21 drachens), 2 victoires probables
Palmarès détaillé »
Jean Paul Maurice (prénom d’usage) Boyau naît le 8 mai 1888 à Mustapha dans la banlieue d’Alger, dans une famille de colons aisés où son père est entrepreneur. La famille quitte assez vite l’Algérie pour s’installer en France dans la région parisienne à Brétigny, puis en 1907 se fixe dans le village landais de St-Paul, près de Dax, d’où est originaire son père. Parvenu à l’âge adulte, le jeune homme a une taille impressionnante pour l’époque d’1m81 et va se passionner pour le sport au point de devenir un athlète accompli, avec une prédilection pour le rugby en devenant capitaine de l’équipe de Dax de 1908 à 1909, date à laquelle il doit accomplir son service militaire au 144e régiment d’infanterie de Bordeaux en tant que simple soldat mais durant lequel il va devenir champion de France de rugby dans son nouveau club, le Stade Bordelais.
Rendu à la vie civile en septembre 1911, le jeune homme se consacre à sa passion du sport et pratique boxe, saut, course à pied et cyclisme, mais surtout le rugby où il est sélectionné en équipe nationale et va disputer le tournoi des 5 nations de 1912, même si l’équipe de France est loin d’avoir le niveau des joueurs anglo-saxons et termine dernière du tournoi. Par un décret du conseil d’état du 30 novembre 1912, Maurice Boyau est autorisé à changer son patronyme Maurice Johannès pour des raisons inconnues et qui semblent remonter à son grand-père maternel. Il reste cependant connu sous le nom de Maurice Boyau auprès du grand public dans sa carrière de rugbyman qui se poursuit au club de Dax et dans l’équipe de France, disputant le tournoi des cinq nations de 1913 qui se passe mal car lors du match d’ouverture France-Ecosse au Parc des Princes où la France essuie une cuisante défaite la foule en furie conspue l’arbitre qui doit être évacué par la troupe ! La France est exclue du tournoi de 1914 mais la guerre va reléguer cette querelle sportive aux oubliettes.
Maurice Boyau est alors mobilisé comme soldat au 37e régiment d’infanterie coloniale de Bordeaux avec lequel il se bat dans les Vosges près de Colmar, mais d’où il est muté en octobre 1914 dans un régiment du train dans un poste à l’arrière bien moins exposé à conduire des attelages de mules. Cette affection ne semble pas lui convenir et il demande sa mutation dans l’aviation, qui est acceptée en novembre 1915 quand il entre en école de pilotage d’où il ressort breveté en février 1916 avec le grade de caporal. Jugé comme un excellent pilote, ses supérieurs le maintiennent à l’école de Buc comme moniteur où il va servir pendant près de huit mois avant d’être affecté le 12 octobre à l’escadrille N 77, une nouvelle unité formée sur le front de Lorraine à Toul, sur Nieuport 17.
Le front de Lorraine va demeurer statique toute la guerre durant et l’activité aérienne toujours réduite. Si Maurice Boyau va d’emblée prouver sa maîtrise du pilotage en abattant son premier avion ennemi le 23 mars 1917, le manque d’activité va très vite peser à son tempérament sportif et à celui de ses camarades qui viennent comme lui du monde du sport. Les pilotes de la SPA 77 vont dès lors, sur leur Nieuport puis leur SPAD, réaliser plusieurs raids de bombardement sur des positions ennemies à l’aide de bombes légères, mais également s’en prendre à un objectif toujours présent dans le ciel : les Drachen, ballons captifs où un observateur ennemi dans la nacelle effectue le réglage d’artillerie sur les positions françaises. C’est un objectif immobile et en soi facile à atteindre : le ballon est gonflé à l’hydrogène et s’enflamme facilement au contact d’une balle incendiaire ou d’une fusée Le Prieur. Mais c’est une cible très dangereuse, car toujours défendue par une forte DCA voire des avions de chasse, ce qui assimile toute tentative de la descendre à une partie de roulette russe.
Le courage ou l’inconscience ne manquent pas à Maurice Boyau qui va en faire sa spécialité et en descendre six durant l’année 1917, faisant de lui l’as de la spécialité, auxquels il faut rajouter trois avions supplémentaires amenant son score à 11 succès à la fin de l’année, ce qui va lui valoir l’honneur de figurer au communiqué aux armées du 11 octobre 1917 et sa promotion au grade de sous-lieutenant. A chaque attaque de Drachen il frôle la mort ou la capture, comme au 5 juin 1917 où, de retour d’une mission de reconnaissance photographique sur Sarrebourg, il découvre une saucisse qu’il attaque aussitôt. Son Nieuport pique en tirant sur le ballon qui est ramené au sol. Les mitrailleuses de DCA ripostent et l’entourent dangereusement de balles traçantes. Mais il parvient à la dernière minute à enflammer sa cible que l’observateur évacue en parachute. Boyau raconte la suite : « J’étais descendu de 4000 à 400 mètres. Quand j’ai voulu reprendre de la hauteur pour rentrer, mon moteur, défaut de pression, n’a pas voulu reprendre. Toutes mes tentatives pour utiliser le moyen de secours usité en pareil cas (nourrice) échouent ; et je me rends compte alors que mon moteur manque d’essence. Je ne suis plus qu’à 200 mètres et, désespérant de regagner les lignes, j’avise une prairie au bord d’une route ». Le long de cette route bordée d’arbres arrivent deux automitrailleuses allemandes qui voient se poser l’avion français et s’approchent pour le capturer. Avec l’énergie du désespoir, Boyau actionne sa pompe et parvient in extremis à faire repartir son moteur et à faire décoller son Nieuport sous le nez de ses poursuivants, que, selon le témoignage de son futur chef d’escadrille Henry Decoin, il gratifie d’un doigt d’honneur bien senti !
Devenu héros médiatique, il participe à des manifestations sportives organisées par l’armée et tout particulièrement à des matchs de rugby en étant capitaine de l’équipe de France militaire. Durant toute l’année 1918 son score va régulièrement augmenter, à la fois contre des avions et des ballons ennemis et tout particulièrement lors des offensives allemandes de printemps où les combats se multiplient. Lors de la dernière offensive française en Champagne, il est descendu le 13 septembre 1918 par une patrouille de 6 Fokker D.VII mais parvient à se poser dans les premières lignes françaises. Un avertissement du destin… Car le 16 septembre, il attaque un Drachen qu’il incendie et qui constitue sa 35e victoire. Revenant au ras du sol après avoir piqué sur sa proie, il est poursuivi par un Fokker D.VII qui le tire d’assez loin tandis que les fantassins allemands tirent sur son SPAD. L’une de leurs balles fera mouche et va abattre le SPAD qui va s’écraser en flammes en entrainant Maurice Boyau dans la mort.
Sources
- Article de David Méchin dans Aérojournal n°26 (Décembre 2012) : Maurice Boyau, de la mêlée à la première ligner
- La guerre aérienne illustrée, divers numéros.
- Carnet de comptabilité de campagne de l’escadrille SPA 77.
- Témoignages oraux SHDA : Batlle, Sardier, Maria.
- Presse d’époque (Site Gallica BNF)