- Lieutenant Jean Chaput
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 21 novembre 1914 (brevet n°638)
- Cité dans le communiqué aux armées du 22 juin 1916
- Escadrilles SPA 57, C 28
- Né le 17/09/1893 à Paris
- Mort le 6/05/1918 à Welles-Péronne (Somme) (Mort en combat aérien.)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
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Croix de Guerre
11 palme(s)
1 étoile vermeil
1 étoile(s) d'argent
Profils
Jean Chaput
16 victoires sûres (dont 1 drachens), 6 victoires probables
Palmarès détaillé »
Jean Chaput naît le 17 septembre 1893 à Paris, dans une famille très aisée dont le père, le docteur Henri Chaput, est un chirurgien de réputation nationale. Le jeune garçon, qui fréquente le prestigieux lycée Janson-de-Sailly, va se montrer passionné par le sport au point de négliger quelque peu ses études. Une tragédie frappe la famille quand sa mère décède prématurément. Son père ne va pas se remarier et se réfugier dans son travail, portant de grandes ambitions sur son fils qu’il voit devenir chirurgien comme lui. Ce n’est pas dans les projets de ce dernier qui veut devenir pilote et les discussions familiales prennent vite un tour orageux, mais un compromis est trouvé quand Jean s’engage à faire des études d’ingénieur tandis que son père s’engage à lui payer des cours de pilotage. C’est chose faite au début de l’été 1914 où Jean Chaput apprend à piloter sur monoplan Nieuport et obtient son brevet de pilote civil le 10 juillet 1914.
Moins d’un mois plus tard la guerre éclate, et le jeune homme, qui n’a pas effectué son service militaire, est mobilisé comme simple soldat au service aéronautique. Il est incorporé dans le service général du camp d’aviation de St Cyr (Versailles) où il est plus ou moins livré à lui-même jusqu’au mois de novembre 1914 où il est envoyé en école de pilotage militaire, d’où il sort au début de l’année 1915 pour être affecté à l’escadrille C.28 sur Caudron G.3 sur le front de la Somme, avec le grade de caporal. Après avoir rencontré et affronté un premier avion à la carabine, il va se passionner pour la chasse et démontrer ses talents de pilote au point que son chef d’escadrille va lui obtenir un Morane Parasol de chasse au mois de mai 1915 où il est promu sergent. C’est toutefois sur un Caudron G.4 d’observation qu’il obtient une victoire homologuée le 22 novembre 1915, qui lui permet d’être muté dans une escadrille de chasse.
Chaput rallie le 3 mars 1916 le « groupement de Bar-le-Duc » qui rassemble toutes les escadrilles de chasse du secteur de Verdun, chargées de conquérir la supériorité aérienne. Affecté à l’escadrille N 31 du capitaine Auger, il côtoie sur place de nombreux noms de la chasse déjà célèbres, comme Navarre et Nungesser. En ville, il se trouve un logement chez l’habitant – chez l’habitante plus exactement, dans l’appartement d’une jeune fille qui tombe sous le charme du jeune aviateur et lui offre une clé de son cœur comme de son appartement. Pilotant un Nieuport 11, deux semaines après son arrivée il remporte sa première victoire de chasseur le 18 mars 1916 dans des conditions épiques contre un LVG sur lequel il pique, et, évaluant mal les distances, qu’il aborde en vol. Son Nieuport, endommagé par le choc, tient encore l’air par miracle tandis que le LVG s’est écrasé. Cette victoire, sa 2e homologuée, lui vaut sa promotion au grade de sous-lieutenant.
Il va remporter encore six autres victoires homologuées dans le ciel de Verdun durant les mois de mai (où il est muté à la N 57 du capitaine Duseigneur) et juin 1916 à bord d’un Nieuport 11 puis Nieuport 16, étant mentionné dans le communiqué aux armées du 21 juin 1916 pour son 5e succès (il est le 4e as français ainsi honoré), le jour même où il remporte ses 6e et 7e dans un « doublé ». Il savoure sa nouvelle célébrité, mais pour assez peu de temps car les dangers du combat vont se rappeler à lui : le 24 juillet 1916, il attaque un Aviatik biplace au-dessus de Douaumont. Après lui avoir tiré plusieurs balles, il lui passe dessus emporté par sa vitesse. Le mitrailleur allemand est toujours d’attaque et lui tire une rafale à bout portant : Chaput est touché de plusieurs balles dont une lui brise la cuisse et une autre lui traverse l’épaule. Grièvement blessé, il pique et évite les autres avions allemands pour revenir se poser à Ancemont.
Évacué et hospitalisé, il est soigné par son propre père qui se montre à sa manière un combattant implacable en imposant à son fils une rééducation toute spartiate et en ne lui octroyant que très peu de jours de convalescence au point d’être contredit par une commission de médecins. La blessure de Jean Chaput est en effet très grave et il ne reprendra sa place au front qu’au mois de mars 1917, toujours à l’escadrille N 57 désormais amalgamée avec d’autres unités pour former le GC 11.
Participant à la bataille du Chemin des Dames, il y remporte quatre nouvelles victoires en avril, mai et juin 1917, puis promu au grade de lieutenant, va recevoir le commandement de son escadrille le 11 avril 1918, alors que celle-ci est intégrée à la Division Aérienne et va faire face aux offensives allemandes de printemps. Il y remportera à cette occasion sa 16e et dernière victoire le 21 avril 1918, avant de tomber en combat aérien contre un groupe de Fokker Triplans le 6 mai 1918 : grièvement blessé, il a la force de poser son SPAD dans les lignes françaises où il meurt en se vidant de son sang. Son père, le docteur Henri Chaput, va être terrassé par la nouvelle et estimera qu’il aurait pu sauver son fils s’il avait été présent. Continuant d’opérer les soldats que la guerre lui amène jusqu’à l’armistice et quelques mois au-delà, il va se tirer une balle dans la tête dans la nuit du 25 au 26 février 1919.
Sources
- Dossier Chaput au Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget (contient toute sa correspondance personnelle).
- Dossier individuel SHD, cotes 1P 29886/4 et 5YE 119.893
- Témoignage oral SHD Paul Tarascon et Georges Kirsch
- Témoignage oral SHD Jean Fraissinet