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Albert Deullin
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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Albert Deullin

20 victoires sûres (dont 1 drachens), 9 victoires probables
Palmarès détaillé »

Albert Louis Deullin naît le 24 août 1890 à Epernay dans la Marne dans une famille de riches notables : son père est négociant et il compte un banquier et un ingénieur parmi ses oncles. Le jeune Albert, 3e enfant de la famille après deux sœurs, ne manque de rien pendant son enfance et obtient son baccalauréat ès lettres, parlant couramment anglais et allemand. Alors qu’un vaste champ de possibilités s’offre à lui, il décide de s’engager dans l’armée avant d’être appelé à son service militaire le 1er octobre 1910, et se retrouve incorporé comme simple soldat au 31e régiment de dragons d’Epernay. Celui-ci à fort affaire car une révolte de vignerons sévit dans la région et faute de CRS c’est la troupe qui doit maintenir l’ordre et protéger les négociants locaux. Après ces émeutes qui se calment au mois de février 1911, Albert Deullin reçoit ses galons de brigadier puis de maréchal des logis, mais la vie militaire l’ennuie profondément et il met un terme à son contrat le 1er octobre 1912, retournant chez ses parents. Il vit en dilettante quelque temps avant de se trouver une situation en négociant en vins de Champagne en 1914 et s’implique dans la réserve de l’armée, où il demande d’être nommé sous-lieutenant de réserve avec l’appui du chef de corps du 31e régiment de dragons qui souligne son sens du commandement.

La guerre survient au mois d’août et il est aussitôt de retour dans son régiment où il est engagé en Lorraine avant d’être effectivement nommé sous-lieutenant le 23 août, puis il participe ensuite à la bataille de la Marne avant que ne se forment les tranchées qui rendent la cavalerie inutile. Deullin s’en rend bien compte et souhaite s’en échapper en se portant volontaire dans l’aviation. Il y est accepté en mai 1915 et obtient son brevet de pilote sur Maurice Farman puis se retrouve affecté à l’escadrille MS 3 à Vauciennes le 2 juillet 1915, que dirige le capitaine Brocard et où sert un jeune pilote nommé Georges Guynemer.

L’unité est une escadrille de chasse sur Morane Parasol mais comporte une section de Farman pour les missions de reconnaissance. De cette section est formée l’escadrille MF 62 que rejoint aussitôt Deullin en tant que pilote de Farman mais qui va s’essayer à voler sur Morane et montrer un vif intérêt pour la chasse, au point d’être réaffecté à l’escadrille N 3 au mois de janvier 1916 où il vole désormais sur Nieuport biplace puis monoplace, assistant aux premiers succès de Guynemer.

Son destin bascule quand commence la bataille de Verdun où la N 3 doit envoyer un détachement et dont il fait partie. Il rallie le terrain de Bar-le-Duc le 12 mars 1916 avec son Nieuport 11 n°525 et va y multiplier les combats car une bataille aérienne farouche s’y déroule ; bataille que va gagner la chasse française. Le 31 mars il remporte sa première victoire aérienne homologuée en descendant un chasseur Fokker Eindecker, suivie d’une seconde le 27 avril et d’une troisième le 30 contre un Fokker Eindecker dont il revient avec son appareil éclaboussé par le sang du pilote allemand qu’il a tiré à bout portant. Ce succès lui vaut la croix de chevalier de la légion d’honneur, mais il ne va pas s’arrêter là.

Le 17 mai 1916, le détachement de la N 3 quitte Verdun pour rejoindre le gros de l’unité à Cachy, dans la Somme, où se déplace le cœur de la guerre. C’est une période faste pour la chasse française, très supérieure techniquement sur ses chasseurs Nieuport, qui remportera nombre de victoires et tout particulièrement pour la N 3 qui en devient l’élite. Deullin, promu lieutenant, en fait assurément partie en descendant sa 5e victoire le 24 août 1916, qui lui donne droit à l’honneur du communiqué aux armées du 28 suivant ; il est le 10e pilote ainsi distingué et accède à une célébrité nationale avec sa photo à la une des journaux. Passant sur chasseur SPAD en octobre, il termine la bataille de la Somme avec 10 victoires au compteur au mois de janvier 1917, et va en remporter une 11e en Lorraine où est envoyée la SPA 3.

Il s’agit de sa dernière victoire dans l’unité, puisqu’il est muté le 22 février 1917 à l’escadrille N 73 pour en prendre le commandement, ne s’éloignant pas de ses anciens camarades car l’unité dépend du GC 12 dont fait aussi partie la SPA 3. Il découvre d’autres responsabilités et notamment le fait de dynamiser une escadrille dont les pilotes sont loin d’avoir le talent des as de la SPA 3. La N 73 est engagé au Chemin des Dames où Deullin remporte 5 nouvelles victoires.

Quand la SPA 73 est affectée dans les Flandres de juillet à décembre 1917 les pertes vont se montrer assez lourdes pour l’unité qui perdra 7 pilotes (5 tués et 2 prisonniers) pour seulement 6 victoires homologuées, dont trois pour Deullin qui a monté son score à 19. Il est alors le 2e as français en activité derrière Nungesser, ex-aequo avec le Lt Georges Madon et le S/Lt René Fonck.

La SPA 73 va être détachée du groupe des Cigognes au début de l’année 1918 pour être intégrée au Groupement de Combat n°19, qui se forme en rassemblant les escadrilles SPA 85, 95 et 96. Ce Groupement de Combat n°19 va lui-même être intégré dans la division aérienne commandée par le général Duval qui va former une gigantesque armada aérienne, utilisée pour obtenir la supériorité aérienne dans tout point du front choisi par l’Etat-Major. Le chef désigné pour ce GC 19 n’est autre que Deullin, promu capitaine, ce qui ne le fait pas déborder d’enthousiasme car il passe plus de temps à exercer des responsabilités administratives qu’à piloter – et de fait abandonner la course au titre d’as des as qui ne le laisse pas indifférent. Dans les rudes combats qui auront lieu au moment des offensives allemandes du printemps 1918 il parviendra néanmoins à remporter sa 20e et dernière victoire le 19 mai 1918 alors que la chasse allemande ploie sous le nombre. Consignant sa science de la chasse dans un opuscule qui sera diffusé aux pilotes américains qui entrent en action, il termine la guerre en étant décoré de la rosette d’officier de la légion d’honneur, qui n’a été décernée durant le conflit qu’à 10 pilotes de chasse.

Démobilisé en 1919, il va entamer une nouvelle carrière de chef pilote à la société Franco-Roumaine, compagnie aérienne fondée par un de ses anciens subordonnés, Pierre Claret de Fleurieu. Nombre de vétérans du GC 19 vont y être embauchés, ainsi que d’autres as de la chasse. Sur Salmson 2A2 issus des surplus de guerre, Deullin et ses pilotes vont réaliser de multiples vols commerciaux à destination de l’Europe de l’Est, luttant à chaque fois contre les intempéries qui ballottent l’appareil et les courageux passagers qui s’aventurent sur ces vols… En 1923, la Franco-Roumaine relie Paris à Constantinople et de nouveaux appareils adaptés au transport des passagers font leur apparition, comme le Caudron C.61 dont il est passé commande. Mais Deullin ne verra pas cette époque : il se tue le 29 mai 1923 en essayant à Villacoublay un prototype d’avion de chasse.

Sources

  • Dossier individuel SHD cote 5YE 153.165
  • Correspondance personnelle Deullin

Palmarès de Albert Deullin

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
P1 10-févr-16  ? MF62 Avion Observateur Cpt Colcomb
1 31-mars-16 10h45 N 3 Nieuport 11 n°525 Fokker E Consenvoye / Beaumont
2 27-avr-16 5h15 N 3 Nieuport 16 n°962 Aviatik Bethincourt Observateur plongé dans le vide
3 30-avr-16  ? N 3 Nieuport 16 n°962 Fokker E SO. des bois au N. de Douaumont Capot éclaboussé du sang du pilote allemand…
4 26-juin-16 8h00 / 9h15 N 3 Nieuport 16 n°962 Drachen
P2 10-juil-16 20h30 N 3 Nieuport 16 n°962 LVG C Rive droite de la Somme
5 11-juil-16 18h15 / 20h40 N 3 Nieuport 16 n°962 LVG C St Christ
P3 08-août-16 9h10 / 11h15 N 3 Nieuport 17 n°1532 Biplace E. Peronne
6 24-août-16 19h N 3 Nieuport 17 n°1532 LVG C Marchelepot
7 07-sept-16 8h30 / 10h50 N 3 Nieuport 17 n°1532 LVG C Bouchavesnes
8 22-sept-16 8h00 / 9h15 N 3 Nieuport 17 n°1532 Chasseur S. Doingt
P4 21-oct-16 14h20 / 16h20 N 3 SPAD VII n°135 Monoplace Péronne / Barleux
P5 09-nov-16 9h30 / 11h N 3 SPAD VII n°135 Albatros St Christ
9 09-nov-16 9h30 / 11h N 3 SPAD VII n°135 Albatros Sailly-Saillisel / Rocquigny
P6 09-nov-16 9h30 / 11h N 3 SPAD VII n°135 Rumpler Sailly-Saillisel
P7 10-nov-16 12h10 / 14h20 N 3 SPAD VII n°135 Avion Péronne / Bapaume
10 23-nov-16 8h45 / 10h20 N 3 SPAD VII n°135 Rumpler S. Bois de Vaux
11 10-févr-17 13h25 / 14h00 N 3 SPAD VII n°135 DFW C Forêt de Champenoux Uffz Hermann Heilte et Ltn Otto Michaelles, FA 257, tués à Champenoux
12 16-mars-17 9h31 SPA 73  ? Monoplace Einville / Valhaye Flg Josef Freundorfer et Flg Franz May, tués
13 15-avr-17 10h40 SPA 73  ? Avion Festieux
14 22-avr-17 17h30 SPA 73  ? Avion O. Craonne Flg Albert Karzmarek et Uffz Karl Schulz, Schsta 10, tué à Oulcherwald à 8 km O. Craonne
15 11-mai-17 14h30 SPA 73  ? Avion Loivre
P8 14-mai-17 19h30 SPA 73 Avion N. Réservoir
P9 28-mai-17 8h45 SPA 73 Avion Neufchâtel
16 04-juin-17 9h40 SPA 73  ? Avion Fismes / Ferme de la Bovelle
17 21-juil-17 19h40 SPA 73 SPAD XIII n°501 Avion NE. Dixmude
18 27-sept-17 18h05 SPA 73  ? Avion E. Dixmude
19 08-nov-17 10h45 SPA 73  ? Pfalz D.III Hollebeke
20 19-mai-18 18h45 GC 19  ? Albatros E. Montdidier