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René Dorme
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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

René Dorme

Le Père Dorme

23 victoires sûres, 32 victoires probables
Palmarès détaillé »

René Gaston Marie Dorme naît le 30 janvier 1894 dans la commune d’Eix Abaucourt (Meuse) dans une famille de la classe moyenne provinciale dont le père est chef de gare. Ses parents sont quadragénaires et le tout jeune René tient de l’enfant du miracle, venu au monde longtemps après deux grandes sœurs mais surtout un an et demi après un frère décédé en bas-âge. Choyé, il gardera toute sa vie une affection fusionnelle pour ses parents qu’il appelle affectueusement « mes vieux parents » dans ses écrits. La famille s’installe quelques années plus tard à Briey où son père a obtenu une mutation, qui se trouve à quelques kilomètres de la frontière allemande de l’époque de la Lorraine annexée. Grandissant dans un milieu catholique et patriote, il se montre particulièrement doué à l’école puisqu’il obtient son certificat d’études et se retrouve employé chez un avoué de Briey qui le prend en affection en l’invitant à la chasse et l’initiant à la mécanique en lui permettant de conduire et d’entretenir sa voiture.

Le jeune homme envisage d’entreprendre des études de droit mais doit s’acquitter de son service militaire, qui s’effectue à l’âge de 20 ans. Il décide de devancer l’appel en s’engageant pour une durée de 3 ans en 1912, se retrouvant affecté au 7e groupe d’artillerie à pied à Bizerte en Tunisie où son niveau d’éducation lui permet rapidement de prendre du galon et d’être nommé au grade de maréchal des logis.

C’est dans cette position qu’il se trouve quand éclate la guerre. En tant que gradé, son travail consiste à veiller à la distribution d’effets militaires aux mobilisés qui affluent au camp, un travail qu’il qualifie de « garde-mite » et qui ne lui plaît guère à ce qu’il en écrit à ses parents dans ses lettres quotidiennes. Mais celles-ci ne tardent pas à rester sans réponse : la ville de Briey a été occupée par les troupes allemandes et ses parents sont désormais aux mains de l’envahisseur. Il n’aspire dès lors qu’à aller combattre en France et se porte volontaire pour l’aviation où il est accepté en en décembre 1914, retournant en France à Lyon où il est en fait désigné pour faire de l’instruction à de jeunes recrues. Il finit par gagner le centre d’aviation de St-Cyr (Versailles) en janvier 1915 près du domicile de la sœur où finalement le mois suivant il part en école de pilotage à Buc sur Caudron G.3. Après un passage à l’école de Pau, il rendre à St-Cyr passer les épreuves du brevet et a la joie de retrouver ses parents chez sa sœur, qui ont été expulsés en France par les Allemands, dépossédés de tout biens.

Dès lors, pour Dorme, la guerre va prendre plus encore la tournure d’une vendetta personnelle contre les Allemands. Breveté en juin 1915, il est affecté non sur le front mais à l’escadrille C 94 du Camp Retranché de Paris, une affectation qu’il déplore car très éloignée du danger mais qui aura l’avantage de lui permettre de s’aguerrir au pilotage. Basé au Bourget, et promu au grade d’adjudant il va décider d’aller croiser le fer avec l’ennemi en organisant de son initiative un raid sur le front de manière tout à fait clandestine le 21 juillet 1915 avec son ami et futur as Guiguet. Le 3 avril 1916, en faisant un crochet sur le front à bord de son Caudron G.4, il aperçoit un avion ennemi que son mitrailleur tire. Si la victoire n’est pas confirmée, il sera en revanche cité et obtiendra la mutation dans la chasse, intégrant la célèbre escadrille N 3 sur le terrain de Cachy le 27 juin 1916 où se bat déjà son ami Guiguet.

René Dorme va s’y révéler d’emblée comme un chasseur de tout premier ordre en remportant sur son Nieuport 16 une victoire homologuée dès le 9 juillet 1916, soit 12 jours après son arrivée. Il en remportera de nombreuses autres sur la Somme en battant tous les records de progression (cité au communiqué du 24 août 1916 pour sa 5e victoire) puisque son tableau de chasse se monte à la fin de l’année 1916 à 16 victoires homologuées et 18 probables – de nombreux succès ne lui sont pas confirmés car il n’hésite pas à aller débusquer l’ennemi chez lui et à l’abattre loin du regard des lignes françaises et des témoignages nécessaires aux homologations. Peu lui importe car il attache plus d’importance de tuer des Allemands, même si toutefois on devine qu’il ambitionne de dépasser le score de l’as de as Georges Guynemer qui vole dans son escadrille, et qu’il peste contre le fait d’avoir eu très tardivement la croix de la légion d’honneur (le 13 octobre, après sa 14e victoire). En effet, issu d’une famille de petits fonctionnaires, il ne fait pas partie du « monde » et ne se mélange d’ailleurs pas avec les as officiers de son escadrille (Guynemer, Heutaux, Deullin, De la Tour) qui constituent le club de « la bande noire ». Dorme n’y est pas invité malgré son palmarès ; il est de plus le dernier servi pour se faire affecter un SPAD VII qui sont livrés à la N 3 dès septembre 1916 et vole jusqu’à la fin de l’année sur son Nieuport 17 baptisé « Père Dorme » et décoré d’une croix de Lorraine verte.

Dorme va être contraint à un repos forcé en décembre 1916 après une blessure au bras. Il apprend à sa grande joie sa promotion au grade de sous-lieutenant en janvier 1917 et reprend la lutte en février 1917 sur un SPAD qu’il a enfin pu se faire attribuer, la N 3 étant désormais basé à Bonnemaison dans la Marne, en prévision de l’attaque du Chemin des Dames. Il améliore son tableau de chasse d’une 17e victoire homologuée contre un biplace capturé dans les lignes françaises et dont l’équipage blessé est fait prisonnier. Dorme se montre impitoyable avec le pilote ennemi qu’il va visiter à l’hôpital : «  Mon prisonnier m’a demandé de jeter chez lui un bout de papier pour prévenir qu’il n’était que blessé, mais il peut [CENSURÉ] et ses parents peuvent bien rester sans nouvelles. Les parents français souffrent assez à cause d’eux. Je garderai son papier comme souvenir. » Recevant en mai un des premiers SPAD VII à moteur surcompressé de 180 ch, il disparaît le 25 mai 1917 lors de sa 3e mission de la journée en fin d’après-midi, dans des circonstances inconnues.

En 623 heures de vol sur l’ennemi et 120 combats, René Dorme a obtenu 23 victoires homologuées et 32 probables notées dans le journal de marche de son escadrille. Son score réel est sans doute supérieur, puisque 20 se vérifient avec un degré raisonnable de certitude dans l’examen des archives allemandes, et il reste des doutes pour une vingtaine d’autres où des équipages allemands sont effectivement blessés sans que soient notés le lieu des combats. Malgré tous ses succès qui l’ont porté à son époque à la 3e place des as de la chasse française derrière Guynemer et Nungesser (voire 2 place en comptant ses victoires probables), René Dorme n’obtiendra cependant jamais la célébrité post-mortem de ces deux derniers.

Sources

  • Biographie détaillée "Dorme, un as méconnu" paru dans le Fana de l’aviation n°562 (septembre 2016) - article de David Méchin

Palmarès de René Dorme

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieun° réélVictimeNotes
P1 03-avr-16 6h00 95 CRP Caudron G4 LVG C Forêt de Laigue (NE Compiègne) - Pas de pertes allemandes connues Avec Soldat Huillet en mitrailleur (Chauchat). Dorme est dans une escadrille du CRP et non à la N 3
1 09-juil-16 9-10h N 3 Nieuport 16 n°939 LVG C E. Péronne - Pas de pertes allemandes connues, vérifier 2 équipages blessés du FA 221 et FA 58 Mitrailleur vu tué, part en vrille, puis redresse.
P2 09-juil-16 illisible N 3 Nieuport 16 n°939 LVG C Illisible - Pas de pertes allemandes connues, vérifier 2 équipages blessés du FA 221 et FA 58 Moteur calé, descend dans ses lignes
P3 11-juil-16 6h20-9h50 N 3 Nieuport 16 n°939 Aviatik D Péronne - Roye - Pas de pertes allemandes connues, vérifier 1 pilote blessé du KG 1 / Ks 4 "Pique dans les nuages paraissant touché"
P4 15-juil-16 10h45 N 3 Nieuport 16 n°939 Bimoteur monofuselage S. Péronne - Observateur KG 4 tué à Péronne (Ltn d R Wilhelm Hadloff), mais plusieurs revendications concurrentes. "Pique verticalement dans ses lignes"
2 28-juil-16 19h-20h15 N 3 Nieuport 17 n°1428 Bimoteur bifuselage (AGO C II) Chaulnes - Roye (Goyencourt) - Pas de pertes allemandes connues "Pique verticlement, fuselage de gauche en flammes"
3 03-août-16 12h45 N 3 Nieuport 17 n°1428 LVG C E. Maurepas (Montauban de Picardie) 1 Equipage KG 1 / Ks 2 tué à Montauban (Uffz Fritz Levique et Ltn Walter Bollow) Chute confirmée par PC 20
P5 06-août-16 10h45 N 3 Nieuport 17 n°1428 LVG C N. Nesles, près voie ferrée - Pas de pertes allemandes connues, vérifier 1 équipage blessé du FA 40. "25 cartouches à 50 m. Je crois l’avoir descendu car 10 minutes après il était au sol près de la voie ferrée"
P6 20-août-16 18h45 N 3 Nieuport 17 n°1428 LVG C Bois de Rancourt - Le Forest 2 Observateur FA 2 tué à Templeux-la-Fosse, près du bois de Rancourt (Ltn d R Valentin Rendelhuber). Un autre équipage du FA 2 B est blessé. "Tiré 15 cartouches à 30m, vu l’observateur s’effondrer, l’appareil pique verticalement"
P7 22-août-16 18h35 N 3 Nieuport 17 n°1428 LVG C Sailly-Saillisel - Pas de pertes allemandes connues, vérifier 1 pilote blessé du KG 1 / Ks 4 "1 rouleau et demi - Pique très fortement"
4 22-août-16 18h35 N 3 Nieuport 17 n°1428 LVG C NE Moislains 3 Gef. Heinrich Bock tué à Barastre, au N de Moislains &#59 et pilote KG 1 / Ks 1 blessé à Maurepas - O. Moislains (OfStv Wilhelm Cymera) "1 rouleau à 50 m. Boche abattu tombe près de Moislains"
5 23-août-16 10h55 N 3 Nieuport 17 n°1428 LVG C Sud-est petit bois au Sud de Marchélepot - Pas de pertes allemandes connues, vérifier 1 équipage blessés du FA 211 "Tiré 25 à 30 cartouches à 50m. Le LVG tombe verticalement".
6 25-août-16 9h45 N 3 Nieuport 17 n°1428 LVG C Vers Chaulnes - Pas de pertes allemandes connues, vérifier 1 équipage du KG 5 tué à "Epinal-Ferme" (lieu non localisé)
7 31-août-16 17h50 N 3 Nieuport 17 n°1428 LVG C Manaucourt - Pas de pertes allemandes connues, vérifier 1 pilote blessé du FA 221 Attaque un groupe de 8. "Tiré 30 cartouches à bout portant, sur l’un d’eux qui est sévèrement touché. Vu la mitrailleuse arrière sauter en l’air et divers autres objets comme par une explosion. Le boche tombe verticalement."
P8 07-sept-16 9h55 N 3 Nieuport 17 n°1720 Albatros Epenancourt
P9 07-sept-16 16h00 N 3 Nieuport 17 n°1720 LVG C Herly
P10 09-sept-16 15h30 N 3 Nieuport 17 n°1720 LVG C SO Beaulencourt
8 09-sept-16 16h00 N 3 Nieuport 17 n°1720 Rumpler C Brie
9 15-sept-16 17h20 N 3 Nieuport 17 n°1720 Rumpler C Brie - Ennemain 5 Uffz Joseph Obermaier et Obltn Hans Sommer (tués), du FA 8b
P11 17-sept-16 9h40 N 3 Nieuport 17 n°1720 LVG C Manancourt (Moislans) "Observateur tué, forcé à atterrir"
10 22-sept-16 9h20 N 3 Nieuport 17 n°1720 LVG Goyencourt 6 Uffz Karl Köhn et Flg Albert Reicht (tués)
P12 23-sept-16 9h25 N 3 Nieuport 17 n°1720 Aviatik Estrées "Observateur tué"
P13 25-sept-16 16h45 N 3 Nieuport 17 n°1720 Avion Manancourt Avec S/Lt Raymond. Observateur tué.
11 25-sept-16 17h15 N 3 Nieuport 17 n°1720 LVG N. Liéramont - Nurlu 7 Gefr Paul Tewes et Ltn Martin Hoffmann (tués), du FA 237
P14 30-sept-16 10h15 N 3 Nieuport 17 n°1720 Roland D Bertincourt 8 Diener, Jasta 2. Boche blessé, redresse de sa vrille.
P15 01-oct-16 10h50 N 3 Nieuport 17 n°1720 LVG Fourchette - Dreslincourt (Villers-Carbonnel) Le boche paraît touché et pique verticalement.
12 10-oct-16 16h15 N 3 Nieuport 17 n°1720 Walvett Nurlu - Bertincourt 9 Sittig, du KG 6. Tiré 20 cartouches à bout portant, le bohce pique verticalement en laissant une colonne de fumée.
13 16-oct-16 16h35 N 3 Nieuport 17 n°1720 Fokker N. Péronne 10 Rossbach. 5 cartouches à bout portant, le boche pique verticalement en paraissant touché.
P16 20-oct-16 15h25 N 3 Nieuport 17 n°1538 Aviatik D Brie 11 Piechl. 20 cartoucehs à 30 m, parait touch, pique verticalement.
14 21-oct-16 15h20 N 3 Nieuport 17 n°1538 Roland D Péronne-Barleux 12 Hans Peterson, Jasta 3. Petit monoplace blanc, descend en brinqueballant, vu jusqu’aux nuages.
15 16-nov-16 15h15 N 3 Nieuport 17 n°1720 Rumpler E. Marchelépot 15 cartouches, le boche paraît atteint et descend en basculant.
P17 17-nov-16 15h25 N 3 Nieuport 17 n°1720 LVG Manancourt 13 Vfw Arno Zimmermann (tué) et Obltn Oskar Kriegbaum (blessé), du FA 265. Tiré environ 20 cartouches à 100 m, le boche tire très fortement - Ignore résultat.
P18 04-déc-16 13h50 N 3 Nieuport 17 n°1720 Aviatik Hyencourt - Dreslincourt (E Chaulnes) Attaque un groupe de 4. 30 cartouches à 20 m&#59 pique verticalement en paraissant se casser.
16 04-déc-16 14h25 N 3 Nieuport 17 n°1720 Fokker biplan N. St Cren (Mons en Chaussée) 14 Karl Ehrnthaller (tué), du Jasta 1. Descend en basculant
P19 06-mars-17 14h35 N 3 SPAD VII n°314 Biplace NE Forêt de Parroy (Xurès-Vaucourt) En collaboration avec Auger et Raymond. Vu l’observateur s’effondrer avec le pilote.
17 25-mars-17 11h10 N 3 SPAD VII n°314 AEG type C Ferme Faité, NE Fismes 15 n°5691, pilote et observateur capturés.
P20 12-avr-17 10h00 N 3 SPAD VII n°392 Albatros D Loivre-Bermericourt 16 Richard Streubel, qui tombe à 16 km au NE de Loivre. Le boche accuse le coup en renversant et piquant - perdu de vue.
P21 16-avr-17 15h05 N 3 SPAD VII n°392 Biplace St Etienne sur Suippes - Bovet sur Suippes 17 Hans Precht et Karl Helbig, FA 278. Disparaît dans un nuage en dégageant une épaisse fumée noire
18 19-avr-17 14h50 N 3 SPAD VII n°392 Chasseur 1 km O. Orainville 18 Ltn Paul Hermann, Jasta 31. En vrille jusqu’au sol
19 22-avr-17 17h5-19h50 N 3 SPAD VII n°392 Avion Région Ailles-Courtecon 19 Gustav Richter et Erich Bersu, FA 212. 30 cartouches à 40 m, descend en basculant, paraissant touché.
P22 23-avr-17 07h15 N 3 SPAD VII n°392 Albatros biplace Brimont Perd son essence, Passager tué, rentre chez lui
P23 23-avr-17 07:40 N 3 SPAD VII n°392 AEG Biplace Witry-lès-Reims (région Berse) Boche bascule et descend en brinqueballant
P24 23-avr-17 16:38 N 3 SPAD VII n°392 Roland D Forêt de Samoussy, N de Coucy-lès-Eppes.
P25 23-avr-17 16:40 N 3 SPAD VII n°392 Roland D Coucy-lès-Eppes 20 Gefr Hugo Siebel (tué). LE boche pique très fort, ignore s’il est touché
P26 24-avr-17 09:50 N 3 Roland D Brimont - Auménancourt
20 24-avr-17 N 3 Biplace O. Vaucelles-Montbavin (SO Laon) 21 Walter Rudatis et Karl Jaeger, FA 253
21 29-avr-17 10:25 N 3 Chasseur Aguilcourt
P27 29-avr-17 13:43 N 3 Albatros biplace Ferme Fleuricourt - La Malmaison (N. Amifontaine)
P28 02-mai-17 08:05 N 3 Albatros C Montchâlons 22 Wrobel et Stolberg, FA 262
P29 03-mai-17 09:12 N 3 Biplace Courtecon
22 04-mai-17 14h05 N 3 Triplace Amifontaine
23 10-mai-17 10:07 N 3 Albatros biplace Chivy - Etouvelles (S. Laon)
P30 11-mai-17 10:45 N 3 Albatros NE Varméréville 23 Perte d’un équipage allemand à St Fergneux, à 20 km au Nord
P31 24-mai-17 10:21 N 3 Biplace Aizelles 24 Perte d’un avion allemand sur Festieux
P32 25-mai-17 08:10 N 3 Albatros biplace Berru - Epoye (Berrieux)