- Lieutenant Marcel Hugues
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 15 décembre 1915 (brevet n°2104)
- Cité dans le communiqué aux armées du 2 août 1917
- Escadrilles N 81, SPA 95, N 77, MF 22
- Né le 5/01/1892 à Belfort
- Mort le 14/07/1982 à Fontainebleau (Mort naturelle.)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
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Croix de Guerre
8 palme(s)
1 étoile vermeil
Profils
Marcel Hugues
12 victoires sûres (dont 1 drachens), 4 victoires probables
Palmarès détaillé »
Marcel, Anatole, Marie, Esprit Hugues naît à Belfort le 5 janvier 1892, dans une famille de militaires dont le père est officier d’administration, affecté dans le génie. Sa solde est toutefois insuffisante pour faire vivre toute sa famille composée de 3 enfants et d’offrir des études à son fils Marcel mais il obtient du ministère une bourse d’études qui permet à ce dernier, âgé de 10 ans, d’intégrer le Prytanée militaire de La Flèche dans la Sarthe. Le jeune garçon ne se montre pas d’une motivation extrême et selon ses dires ne pense qu’à s’amuser sur sa moto et aller courir les filles, ce qui n’aide pas à la préparation du concours d’entrée à l’école d’officiers de St-Cyr. Le jeune homme n’en a cure et s’engage alors à 18 ans dans l’armée comme simple soldat en se présentant à la Mairie de Belfort au mois de septembre 1910 ; il est ensuite incorporé au 23e régiment d’infanterie à Bourg-en-Bresse. Prenant du galon jusqu’au grade de sergent fourrier obtenu deux années plus tard, il est muté au 172e régiment d’infanterie et s’y trouve toujours quand éclate la première guerre mondiale.
Il participe alors avec son régiment aux premiers combats en Alsace qui le font entrer brièvement dans la ville de Mulhouse qui doit être aussitôt évacuée pour se battre dans le massif des Vosges. Il survit miraculeusement à une charge menée baïonnette au canon quand une balle ennemie qui le plaque au sol est bloquée par la médaille de St Christophe que lui avait cousue sa mère… Il connaît ensuite la guerre des tranchées et, souffrant de ses pieds gelés, doit être envoyé en convalescence à l’arrière pour se rétablir à la fin de l’année 1914. Muté au 407e régiment d’infanterie, il est de retour dans les tranchées au mois d’avril 1915 en étant promu au grade de sous-lieutenant. C’est là qu’il se porte volontaire pour intégrer l’aviation et où il est admis au mois de septembre.
Après son passage en école de pilotage, il est affecté au mois de février 1916 à l’escadrille MF 22 dans les Flandres où il effectue ses premières missions de surveillance et de réglage d’artillerie. Volontaire pour intégrer l’aviation de chasse, sa demande est acceptée au mois de mai 1916 et après un passage à l’école d’acrobatie de Pau, il rejoint l’escadrille N 77 de création nouvelle qui se forme à Manoncourt-en-Vermois au mois d’octobre 1916. C’est sur la Lorraine enneigée qu’il va débuter sa carrière de chasseur durant l’hiver 1916-1917 et revendiquer deux avions ennemis les 22 janvier et 5 février 1917, qui ne lui seront pas homologués. En revanche, l’appareil qu’il abat le 14 février 1917 lui est reconnu comme sa première victoire officielle.
Appelé en mission à la réserve générale deux jours plus tard pour y convoyer des nouveaux chasseurs SPAD, il va, après avoir été promu au grade de lieutenant, être muté à l’escadrille N 81 dans la Marne, dont le chef d’escadrille, le capitaine Raymond Bailly, est un de ses anciens camarades du Prytanée de La Flèche. Il y trouve une autre connaissance, l’adjudant André Herbelin, qui lui est apparenté et avec lequel il va souvent faire équipe. Son tableau de chasse va dès lors régulièrement s’étoffer durant toute l’année 1917, obtenant sa 5e victoire qui lui vaut l’honneur du communiqué aux armées du 2 août 1917 puis sa 10e victoire le 23 décembre 1917 ce qui vaut de nouveau l’honneur du communiqué du 15 janvier 1918. Mais ces succès lui valent des jalousies, en particulier avec l’as Jacques Leps qui lui conteste l’attribution d’une victoire. L’affaire s’envenime au point que les pilotes de la N 81 prennent partie pour ce dernier quand se pose la question de la succession du chef d’escadrille, muté à de plus hautes fonctions…
Hugues est alors muté en mars 1918 par l’état-major dans une autre escadrille pour en prendre le commandement, la SPA 95, qui est amalgamée dans la Division Aérienne au sein du GC 19 commandé par le grand as Albert Deullin. Les offensives allemandes du printemps 1918 vont être l’occasion de multiplier les combats. Hugues, promu au grade de capitaine, va ajouter à cette occasion deux nouvelles victoires officielles à son tableau de chasse mais va aussi prendre à cœur ses nouvelles responsabilités de chef d’escadrille en enseignant les règles du combat aérien à ses jeunes pilotes, au point de ne perdre que 3 d’entre eux durant les combats de 1918 pour 13 victoires homologuées à son escadrille.
Officier d’active, il est destiné à faire carrière dans l’armée après l’armistice. Il va cependant être exclu de l’aviation en septembre 1919 pour un motif disciplinaire (une permission qu’il s’octroie pour rendre visite à sa fiancée…), et, vexé, va quitter l’armée en obtenant un congé sans solde pour se marier et travailler dans l’affaire de négoce de vins de son beau-père, s’installant à Belfort. Resté officier de réserve, il va parvenir à se faire réaffecter dans l’aviation en 1930 et à y effectuer régulièrement ses périodes d’entrainement pour reprendre la main au niveau du pilotage.
En 1937, il demande à servir en position d’activité et obtient satisfaction grâce à l’appui de plusieurs anciens compagnons d’armes servant dans des hauts postes de l’armée de l’air qui poussent également à son retour dans le personnel naviguant. Affecté à la 4e escadre de chasse à Reims, il va en étant promu au grade de commandant et recevoir au mois d’avril 1939 le commandement du GC I/5 sur Curtiss H-75 sur le terrain de Toul, qui va se distinguer lors des combats aériens de la drôle de guerre sur la ligne Maginot, puis participer à la campagne de mai 1940. Le commandant Hugues va y effectuer personnellement plusieurs missions de guerre mais ne remporter aucune victoire. A 48 ans, il n’est plus aussi affuté au combat aérien qu’il pouvait l’être durant le conflit précédent ; néanmoins sous ses ordres le groupe restera celui qui a connu le moins de pertes au combat – 2 pilotes perdus, pour 48 victoires revendiquées sûres.
Replié en Algérie, le GC I/5 va se retrouver en première ligne lors des évènements de Mers-El-Kébir pour lesquels Hugues donne pour ordre à ses pilotes de n’ouvrir le feu qu’en dernier recours face aux avions britanniques et de préférer les manœuvres d’intimidation. Démobilisé en août 1940 Marcel Hugues revient en France s’installer à Reims et va reprendre son activité de négociant en vins, amassant une certaine fortune en vendant des vins aux troupes allemandes, qu’il va en partie perdre en l’investissant dans une briquèterie après la guerre. Il est décédé à Fontainebleau le 14 juillet 1982 à l’âge de 90 ans.
Sources
- Registre matricule Belfort Classe n°725
- Témoignage oral Service Historique de l’armée de l’air