- Capitaine Albert Achard
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 20 avril 1916 (brevet n°4642)
- Cité dans le communiqué aux armées du 0000
- Escadrilles SPA 78, N 97, N 510, MS 48, SPA 150
- Né le 26/03/1894 à Briançon (Hautes-Alpes)
- Mort le 21/08/1972 à Briançon (Hautes-Alpes) (Mort naturelle)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
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Croix de Guerre
8 palme(s)
Albert Achard
6 victoires sûres, 2 victoires probables
Palmarès détaillé »
Albert Achard voit le jour le 26 mars 1894 à Briançon, dans les Hautes-Alpes, la ville de garnison du 159e régiment d’infanterie où son père sert en tant que sous-lieutenant. Le jeune homme va donc grandir dans un milieu des plus militaires, dans diverses villes de garnison, tandis que la famille s’agrandit de deux autres garçons et d’une fille nés après lui. Albert bénéficie d’une éducation soignée et peut aller au lycée. Boursier, il est envoyé au Prytanée militaire de la Flèche en tant que pensionnaire. Cet enseignement lui permet d’obtenir les deux parties du baccalauréat ainsi que de bonnes connaissances en langues puisqu’il lit couramment l’anglais, l’allemand et l’espagnol. A 19 ans, il suit la voie paternelle puisqu’il passe et obtient le concours d’entrée de l’école d’officiers de St-Cyr pendant l’été 1913.
Il entre officiellement à l’école le 11 octobre 1913 et y débute sa scolarité par une année de cours, une nouveauté car auparavant les élèves étaient immédiatement envoyés pour une année de stage dans la troupe. La première guerre mondiale éclate alors que cette première année est toujours en cours : les élèves de la promotion, dite « de la croix et du drapeau », vont être nommés sous-lieutenants et envoyés dans des régiments servir sur le front. Albert Achard va ainsi se retrouver le 21 octobre 1914 chef de peloton au 9e régiment de hussards et ainsi participer à la course à la mer dans la Somme, puis dans les Flandres. Son chef de corps, le colonel Burette, le trouve « très jeune, incomplètement formé, a tout à apprendre ».
Il ne restera cependant que cinq mois au front avec ce régiment. La cavalerie devenant obsolète dans la guerre des tranchées qui se généralise, il est envoyé le 16 mars 1915 à l’école d’aviation du Bourget, pour y effectuer un stage d’observateur. Deux semaines plus tard, soit le 1er avril 1915, il est envoyé dans une escadrille, la MS 48 qui stationne à Lunéville en Lorraine. Dotée de Morane Parasol, c’est une escadrille chargée à la fois des grandes reconnaissances pour le compte du Détachement Armé de Lorraine (DAL) mais aussi des missions de chasse sur ce secteur. C’est dans cette tâche précise que va se distinguer le sous-lieutenant Achard. Le 15 avril 1915, il est en vol avec le MdL Chatain comme pilote du Morane. Les deux hommes croisent un biplace allemand de classe C, armé d’une mitrailleuse mobile maniée par l’observateur. Le Morane n’est armé que du seul mousqueton manié par Achard… Ce qui ne l’empêche pas de tirer avec habileté. Si le Morane a son aile trouée par le tir de l’avion allemand, ce dernier est touché par plusieurs cartouches du mousqueton et est contraint d’atterrir dans ses lignes. La victoire est homologuée aux deux hommes.
Observateur courageux qui se distingue dans d’autres combats aériens, Albert Achard, promu lieutenant fin septembre 1915, se révèle être aussi un officier au caractère difficile. Son supérieur note « Encore très jeune, a besoin d’une direction ferme et intelligente pour mettre en valeur ses excellentes qualités. » Ce caractère particulier est peut-être l’explication de son détachement dans l’armée serbe, facilitée par un chef d’escadrille qui ne souhaite que s’en débarrasser : il y est officiellement détaché le 26 septembre 1915, et s’embarque à Marseille le 24 octobre 1915 pour arriver à Salonique le 1er novembre suivant. Il est immédiatement affecté à l’escadrille N 91 S, équipée de Nieuport 10 biplaces, où il va servir en tant qu’observateur. En dehors des missions, il se trouve une passion pour le pilotage, apprenant « sur le tas » à manœuvrer un Nieuport. Alors qu’il n’est passé par aucune école de pilotage, il obtient ainsi le brevet de pilote militaire n°4642 le 20 avril 1916 décerné par l’armée d’orient. Il est alors affecté comme pilote à l’escadrille MF 98 T le 20 avril 1916, dans laquelle il va servir encore trois mois. Le commandant Denain, qui dirige l’aviation locale, lui note « Très belles qualités militaires. Encore très jeune, prétentieux. A rendu de réels services comme observateur d’armée en Orient. A passé sur le front d’une façon brillante ses épreuves du brevet de pilote aviateur. Fera un excellent pilote d’appareil rapide. A guider et à tenir. »
Le 22 juillet 1916, le Lt Achard est de retour en France et rejoint le 18 août l’escadrille F 203 en tant que pilote. Mais piloter un Farman de reconnaissance ne semble pas convenir à son tempérament : il obtient le 1er janvier 1917 de partir pour l’école d’acrobatie de Pau pour se former au maniement des avions de chasse. Il en revient quelques semaines plus tard pour se diriger vers le Groupement des Divisions d’Entrainement du Plessis-Belleville, d’où il doit être dirigé vers une unité de chasse opérationnelle. Il n’est cependant pas envoyé dans une escadrille, mais au détachement de chasse N 510 dont il prend le commandement le 10 mars 1917. Ces détachements sont composés de quatre chasseurs Nieuport 23 ou 24 mis en œuvre par 4 pilotes, dont un officier, et sont rattachés à une escadrille d’observation dont elles doivent escorter les appareils. La N 510 est ainsi rattachée à l’escadrille F 44 stationnant à Froidos en Champagne. Albert Achard va y remporter une victoire homologuée le 2 mai 1917, en contraignant à atterrir dans les lignes françaises à Taon-les-Vosges un biplace ennemi du Schusta 7 dont l’équipage est capturé.
Le détachement N 510 est vite dissous et fusionnés pour former des escadrilles de chasse. Achard et ses trois pilotes se retrouvent ainsi affectés à l’escadrille N 97 le 16 juin 1917. Ils gardent cependant des habitudes de vol, car le 27 juin 1917 Achard, le MdL Mignot et le caporal Stenger, tous des anciens de la N 510, abattent en commun un avion allemand sur Sommedieu. Cette troisième victoire homologuée vaut au sous-lieutenant Achard d’être décoré de la croix de chevalier de la légion d’honneur. L’état-major va immédiatement muter ce jeune officier d’active vers le commandement d’une escadrille de chasse, la N 85 stationnant à Vadelaincourt, qu’il rallie le 29 juin 1917.
Mais cette nouvelle fonction se passe très mal. Deux mois et demi plus tard, il est relevé de son commandement par le commandant Voisin, chef de l’aviation de la 2e armée. Ce dernier s’en explique dans la notation qu’il rédige pour son subordonné : « A montré qu’il n’avait pas encore la maturité d’esprit nécessaire au commandement, et, ce qui est plus grave, a un caractère entier et orgueilleux qui l’empêche d’écouter les conseils dont il a besoin. A dû être relevé de son commandement à la suite d’une punition pour manque d’autorité et mauvaise volonté à se conformer aux ordres qui lui étaient donnés. »
A la suite de cet échec, il est muté comme simple pilote le 12 septembre 1917 à l’escadrille N 78, dite escadrille des panthères fondée par le capitaine Pinsard mais à l’époque commandée par le capitaine Eugène Verdon. Le jeune officier, détaché de toute responsabilité de commandement, va y murir et assez bien s’y intégrer, étant noté comme « Excellent officier, excellent pilote, combattant hardi et adroit. A donné entière satisfaction comme officier pilote à la SPA 78. » Il est cependant noté comme ayant été souvent malade durant le premier semestre de l’année 1918, peut-être touché par le paludisme ramené de son séjour en orient. Mais ces problèmes de santé semblent terminés à l’été 1918, au moment où redoublent les combats contre l’aviation allemande alors que sont lancées les contre-offensives des armées alliées qui conduiront à la victoire. En l’espace de quelques jours, Albert Achard remporte 3 victoires homologuées à la fin du mois de juillet 1918, faisant passer son score à 6.
Ces exploits attirent l’attention du chef du Groupement de Combat n°16, auquel est rattachée l’escadrille SPA 78. Il va alors nommer le 27 août 1918 le lieutenant Achard à la tête d’une autre escadrille du groupement, la SPA 150. C’est une escadrille assez médiocre si l’on en croit ses faibles résultats en combat. Si Achard ne va pas réussir à faire décoller le score de cette escadrille sous son commandement pendant les derniers mois de la guerre, il va en revanche en améliorer la tenue et montrer un sens du commandement qu’on ne lui connaissait pas. La dernière appréciation que laisse sur lui le chef du GC 16 est assez éloquente : « Pendant juillet et août, s’est rappelé à l’attention de ses chefs par un travail très soutenu et plusieurs victoires brillantes. Nommé au Cdt d’une escadrille médiocre en a fait par son autorité et grâce à l’exemple une excellente unité. A conservé intactes ses qualités d’adresse et de bravoure. A acquis les qualités de calme et de commandement qui lui faisait défaut. Officier de valeur, très complet. » Promu capitaine le 25 octobre 1918, la SPA 150 sous ses ordres va remporter 3 victoire homologuées (elle en avait eu 2 autres auparavant) mais perdre 3 pilotes au combat. Il va rester à la tête de l’escadrille après l’armistice, puis se retrouver muté le 10 mai 1919 à la tête de la SPA 69.
Il n’y reste que très peu de temps : rattrapé par son passé d’élève de St-Cyr, il est rappelé dans cette école le 1er juin 1919 avec les survivants de la promotion dite « de la croix et du drapeau ». Resté quelque temps à l’école pour y suivre des cours, il doit partir dans l’école d’application de son arme, la cavalerie, et se retrouve à Saumur le 15 octobre 1919. Il ne montre aucun intérêt pour l’enseignement qu’il y reçoit – au point de recevoir 30 jours d’arrêts et des notes tout justes passables pour obtenir l’examen de sortie dans les derniers du groupe. En revanche, ses supérieurs dans l’aviation où il est affecté le 16 avril 1920 sont d’un tout autre avis et notent son excellent sens du commandement et de l’organisation.
Sa vie privée prend un tournant à cette époque, car il épouse le 1er juin 1920 Mlle Marie Madeleine Battur, dont les parents possèdent un magasin d’habillement sur la rue Ste Cécile, face à la cathédrale d’Albi. Trois enfants vont naître du mariage qui va devenir la priorité du capitaine Albert Achard et qui va vite assumer la direction du commerce de ses beaux-parents. Obtenant un congé temporaire le 15 août 1921, il ne reprendra en fait jamais le service pour devenir un commerçant réputé de la ville d’Albi, et va finir par officiellement démissionner de l’armée en septembre 1924.
Resté officier de réserve, il va se désintéresser du vol et se spécialiser dans des tâches d’état-major où ses supérieurs vont apprécier ses connaissances générales, et noter qu’il se passionne pour l’enseignement. C’est à un poste de renseignement qu’il est mobilisé comme capitaine de réserve en 1939-1940. Démobilisé en 19 juin 1940, il retourne à Albi diriger son commerce et s’éteint le 21 aout 1972 dans sa ville natale de Briançon.
Sources
- Dossier individuel SHD n°1P 6210/1