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Cas litigieux
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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

 

Cas litigieux

Le site ne présente que les pilotes pour lesquels cinq victoires ou plus ont été homologuées par les autorités et signalées dans le Journal Officiel.

Deux pilotes, tous les deux de célèbres aviateurs civils d’avant-guerre, se sont distingués au moment de la naissance de l’aviation de chasse en 1914 et 1915, quand les conditions d’homologation des victoires aériennes étaient floues et où le communiqué donné aux pilotes ayant obtenu 5 victoires n’avait pas été institué. Il s’agit de :

  • Eugène Gilbert (1889-1918), qui en 1914 obtient 3 victoires homologuées à bord d’un Morane L parasol avec divers observateurs, puis une autre à bord d’un Morane N de chasse monoplace. Le 18 novembre 1914 il affronte un appareil ennemi contre lequel son observateur tire 10 coups de carabine... et qui se posera endommagé près de Reims. Cet avion, bien que capturé et même exposé aux Invalides, ne lui sera jamais homologué par une décision explicite des autorités. Capturé en Suisse durant l’été 1915 après s’être perdu en vol, Gilbert va s’en évader et en raison d’une maladie aux oreilles ne reprendra jamais le combat. Il se tue en 1918 en tant que pilote d’essais. Il est le premier pilote de chasse français a avoir réellement obtenu 5 victoires aériennes qui toutes se vérifient dans les archives allemandes, bien que seulement 4 lui aient été homologuées.
  • Adolphe Pégoud (1889-1915) est un cas pratiquement similaire, bien que les archives ne permettent pas de vérifier toutes ses revendications. En 1915 Pégoud vole sur un Morane Parasol et avec son mécanicien Lerendu revendique 3 appareils le 5 février 1915. Les deux hommes obtiennent une citation qui valide ces trois succès, même si dans les faits ces victoires correspondent bien plus à des avions mis en fuite qu’abattus et qui n’auraient jamais été homologués en 1916. Le 2 avril 1915, toujours sur Morane Parasol, les deux hommes revendiquent deux Taube à se poser dans les lignes françaises. Des articles de presse de l’époque l’affirment... Mais les autorités militaires de l’époque sont muettes à ce sujet et ne lui accordent aucune citation, ni d’ailleurs à son mécanicien Lérendu. Passé sur Nieuport de chasse monoplace, Pégoud abat un biplace allemand le 11 juillet 1915 qui tombe dans les lignes françaises et qui est bien homologué par notamment inscription sur le journal de marche de son escadrille. Pégoud tombera au combat quelques semaines plus tard et n’a donc eu que 4 victoires homologuées par les autorités françaises, bien que la presse parle de 6.

Il existe un as qui ne l’a pas été pour raisons disciplinaires. Gabriel Hébert (1890-1954), pilote à l’escadrille N 62 où il remporte 2 victoires, est muté en 1917 sur le front d’orient où il y remporte une autre victoire. Le 27 janvier 1918 il revendique un appareil allemand bel et bien abattu, mais le chef de l’aviation d’orient, le commandant Denain, lui refuse et l’attribue à un autre pilote ayant participé au combat, bien que la participation d’Hébert ait été déterminante. En effet, Denain n’apprécie pas qu’il se livre à l’activité de souteneur auprès d’une prostituée de Salonique et l’enverra dans l’infanterie à titre de punition, avant de le reprendre en escadrille où il remportera une nouvelle victoire, officiellement sa 4e, la victoire du 27 janvier étant escamotée.

Un des pilotes dont la biographie figure dans la liste, Maurice Gond (1884-1964), ne mériterait pas d’y être : le journal de marche de son escadrille (N 3 roumaine) indique bien qu’il a abattu 2 avions ennemis, mais la citation qui lui attribue la légion d’honneur en mentionne 6. Il s’agit bien d’une erreur mais le journal officiel est tout ce qu’il y a de plus officiel... Le journaliste Jacques Mortane mentionne bien ce fait dans un de ses articles mais ne l’inclura pas dans la liste des as.

Enfin, plusieurs pilotes ont parfois été présentés comme des as dans diverses études historiques. L’examen de leur dossier montre qu’il n’en n’est rien :

  • Charles Revol-Tissot (1892-1971) est un pilote ayant servi à l’escadrille N 38 où il remporte une victoire, ainsi qu’à l’escadrille N 3 roumaine (sous les ordres du capitaine Maurice Gond précité) où il aurait remporté 4 autres victoires au point d’être présenté comme "l’as du front roumain" par le journaliste Jacques Mortane, dans un des articles de sa revue "La guerre aérienne illustrée". L’examen du journal de marche de l’escadrille N 3 roumaine montre qu’il n’a remporté que 2 victoires en Roumanie, lui donnant un score final de 3 victoires aériennes. Il a donc été retiré de la liste de ce site où il figurait au lancement de celui-ci.
  • Edmond Dufaur de Gavardie (1890-1966), pilote à l’escadrille N 12, parfois présenté comme un as aux 6 victoires, n’a eu que 4 victoires homologuées et n’est jamais passé aux communiqué aux armées.
  • Martin Trepp (1893- ?), pilote suisse résidant à Monaco, n’a eu que 4 victoires homologuées à l’escadrille N 12, comme il le précise lui-même dans une correspondance.
  • Albert Chabrier (1896-1920), de l’escadrille 315, combattant sur le front des Vosges, a remporté quatre victoires homologuées (plus deux probables) récompensées par autant de citations au Journal officiel. Le 30 octobre 1918, il revendique en compagnie du sergent Georges Mesny d’avoir abattu deux Drachens entre 7h30 et 8h00 dans la région de Saint-Dié, qu’il déclare avoir incendiés. On ne trouve pas de décision d’homologation et pas de citation au journal officiel, mais le processus d’homologation a peut-être été interrompu par l’armistice survenu 12 jours plus tard... Albert Chabrier est décédé dans un accident d’avion en Amérique du Sud.
  • Jacques Sabattier de Vignolle (1888-1968), chef de l’escadrille SPA 48 puis chef du GC 18, n’a obtenu que 3 victoires homologuées.
  • Edmond Caillaux (1896-1943), autre pilote à l’escadrille SPA 48, n’a obtenu que 4 victoires homologuées.
  • Yves Barbaza (1893-1971), pilote à l’escadrille SPA 77, n’a obtenu que 4 victoires homologuées. La première victoire qui lui est attribuée, en date du 10 décembre 1916 , n’a en effet reçu aucune homologation. Il remporte 4 autres victoires en 1918 qui sont bel et bien homologuées - la citation qui lui attribue la légion d’honneur mentionne que les deux dernières, des Drachens, sont ses "3e et 4e victoires". Mobilisé en 1940 comme lieutenant de réserve dans une compagnie de l’air, son commandant le propose au grade d’officier de la légion d’honneur et souligne qu’il s’agit d’un ancien "pilote de chasse, escadrille SPA 77, nombreuses missions, 4 victoires officielles".
  • Antoine Paillard (1897-1931), pilote de bombardement aux escadrilles 132 et 111, n’a obtenu que 2 victoires homologuées.
  • Eugène Baux, pilote à l’escadrille 103 de René Fonck, n’a obtenu que 2 victoires homologuées avant de tomber au combat le 17 juillet 1918.

Enfin, sur un document interne du Service Historique de l’Armée de l’Air figurent 2 autres pilotes :

  • Jean-François Damilleville, présenté comme un as aux 9 victoires et 8 probables (!), a servi aux escadrilles SPA 89 et SPA 100 et n’y a remporté strictement aucun succès. Son seul titre de gloire qui lui ait valu la reconnaissance de la nation est le fait d’avoir été le père d’une famille de 13 enfants !
  • Roger Ronsérail, présenté comme un as aux 7 victoires, n’a obtenu qu’une victoire à l’escadrille C 34 avant de passer dans la chasse à l’escadrille N 75 où il n’obtient aucun autre succès.