- Lieutenant Michel Coiffard
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 20 avril 1917 (brevet n°5992)
- Cité dans le communiqué aux armées du 27 juillet 1918
- Escadrilles SPA 154
- Né le 16/07/1892 à Nantes
- Mort le 28/10/1918 à Begnicourt (Mort au combat)
Décorations
- Officier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
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Croix de Guerre
16 palme(s)
2 étoile(s) d'argent
Profils
Michel Coiffard
Le brave
34 victoires sûres (dont 24 drachens), 5 victoires probables
Palmarès détaillé »
Michel, Joseph, Marie Coiffard naît à Nantes le 16 juillet 1892 dans un contexte familial difficile : son père, employé des chemins de fer, ne prend même pas la peine de se déplacer à l’état-civil pour déclarer l’enfant. Ses parents vont divorcer peu après sa naissance et sa mère, dame de ménage, va se remarier et s’installer à Paris où le jeune garçon va grandir avec un demi-frère et une demi-sœur nés après lui. Devenu apprenti-chaudronnier et décrit par des témoins comme une force de la nature, le jeune homme décide de s’engager dans l’armée avant d’avoir accompli son service militaire, et se retrouve incorporé à la fin de l’année 1910 comme simple soldat au 35e régiment d’artillerie.
Il effectue son instruction militaire en France et connaît dès le début des difficultés avec la discipline qui lui valent plusieurs jours d’arrêt et même de prison. En juillet 1911, il est muté au 5e groupe autonome d’artillerie d’Afrique en Tunisie puis passe au 4e groupe du Maroc où les jours d’arrêt et de prison continuent de pleuvoir… Mais quand au mois de mai 1912 des rebelles attaquent la ville de Fez où il est stationné, le soldat Coiffard combat avec une grande bravoure. Ses ennuis disciplinaires disparaissent et il est récompensé en décembre 1912 par la distinction de soldat de 1ere classe, puis est nommé brigadier en novembre 1913.
Quand éclate la guerre il est rapidement muté en France au 13e régiment d’artillerie de Vincennes, où il est promu maréchal des logis dès les premières semaines du conflit. Il combat avec une rare bravoure en recevant plusieurs blessures durant l’année 1915 et la médaille militaire, puis obtient à sa demande une mutation en février 1916 au 13e bataillon de chasseur à pied qui est l’élite de l’infanterie française. Il va s’y distinguer de nouveau en août 1916 lors de la bataille de la Somme mais les multiples blessures qu’il reçoit le rendent inapte au combat d’infanterie.
Désireux de continuer de se battre, il se porte volontaire pour l’aviation et, après sa convalescence intègre les écoles de pilotage en janvier 1917, d’où il ressort breveté et affecté à l’escadrille N 154 nouvellement créée fin juin 1917, volant sur Nieuport 24. Il s’y bat avec autant de bravoure que dans les tranchées et espère bien devenir un as, rêvant d’une gloire et d’une légion d’honneur que tranchées ne lui ont pas données. Malheureusement pour lui, les performances de son appareil et les occasions de combat ne lui permettent pas d’accéder à ce rêve. Alors que son escadrille, intégrée à la Division Aérienne, est rééquipée de SPAD, il a partiellement atteint son rêve en ayant été promu au grade de sous-lieutenant en septembre 1917 et est fait chevalier de la légion d’honneur en février 1918, mais il reste un pilote de chasse tout à fait obscur titulaire de 3 victoires aériennes au début de l’année 1918. Il aspire à devenir un grand as mais cet objectif lui paraît hors d’atteinte…
Toutefois, les offensives allemandes du printemps 1918 et la chasse aux Drachen, les ballons captifs allemands, vont lui en donner l’opportunité. C’est son chef d’escadrille, le capitaine Lahoulle, qui initie les pilotes de la SPA 154 à ce sport dangereux. Les Drachen sont en effet une proie facile car constituant une cible statique ; qui plus est il y en a toujours sur le front. Mais ils sont aussi un objectif très dangereux à atteindre, car toujours protégés par une forte DCA voire par des chasseurs postés à haute altitude. Mais Coiffard a du courage à revendre pour affronter le danger et ne montre aucune hésitation à plonger dans une muraille de feu. Il va abattre son premier Drachen le 30 juin 1918 (sa 4e victoire), puis 5 autres plus un avion dans les deux semaines qui suivent, portant son score à 9 la veille de l’ultime attaque allemande le 15 juillet 1918. L’honneur du communiqué, réservé aux pilotes ayant atteint les 10 victoires, est proche… Il va se surpasser pendant la bataille et durant la contre-attaque sur la Marne, puisqu’il abat 11 nouvelles « saucisses » et 2 avions du 15 juillet au 6 août, pour beaucoup en compagnie de son équipier, l’adjudant Jacques Ehrlich, dont il met les nerfs à rude épreuve. La presse parle des deux hommes qui font brûler les saucisses allemandes « comme paille au soleil ». Coiffard a atteint son but : il est désormais célèbre.
Son score va augmenter à une vitesse jamais atteinte : il est à 25 victoires au 1er septembre, à 32 en octobre… Il laisse filtrer dans la presse qu’il a bien mérité la croix d’officier de la légion d’honneur dont il convoite le traitement (« Je ne risque pas ma peau pour rien »), et envoie sa photo dédicacée à la presse régionale nantaise, son pays natal, pour se faire connaître. Il ne verra pas l’armistice : le 28 octobre 1918, volant à la tête d’une patrouille de 11 appareils, il repère un groupe de 5 Fokker et passe à l’attaque. Seul un équipier le suit… Coiffard, après avoir abattu un Fokker, va succomber dans la mêlée à deux contre quatre d’une balle qui lui traverse le dos, ayant la force de poser son SPAD dans les lignes françaises où il expire. Il était titulaire de 34 victoires aériennes dont 24 Drachen, la plupart obtenues en à peine trois mois, succombant à deux semaines de la fin des combats, le jour où sa croix d’officier de la légion d’honneur lui est décernée.
Sources
- "Michel Coiffard, le flambeur de saucisses", article de David Méchin paru dans AVIONS n°188-189 (juillet et septembre 2012)
- Journal de Marche du groupe de combat de la SPA 154
- Carnet de comptabilité de campagne de la SPA 154
- La guerre aérienne illustrée, divers numéros.
- Témoignages oraux SHDA : Delporte, Waddington.