- Sous-lieutenant Antoine Cordonnier
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 8 août 1916 (brevet n°4190)
- Cité dans le communiqué aux armées du 0000
- Escadrilles SPA 12, N 57
- Né le 13/01/1892 à Roubaix (Nord)
- Mort le 28/07/1918 à Arcy-Sainte-Restitue (Aisne) (Mort au combat)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
Antoine Cordonnier
5 victoires sûres (dont 1 drachens), 1 victoires probables
Palmarès détaillé »
Antoine Pierre Jean Marie Joseph Cordonnier est né le 17 janvier 1892 à Roubaix, dans le Nord, dans un milieu aisé puisque son père et son oncle maternel exercent la profession d’industriels. Il grandit dans une famille nombreuse et catholique : son père était dans sa jeunesse un zouave pontifical, tout comme l’était un des frères de sa mère. Soumis à l’influence familiale, le jeune Antoine, un grand gaillard pour l’époque (1.80 m) est attiré à la fois par le métier des armes et par la religion. Scolarisé au lycée catholique Notre Dame des victoires à Roubaix, réputé pour son enseignement technique, Antoine Cordonnier le quitte sans son certificat d’études mais un bon niveau scolaire général. Il trouve vraisemblablement un emploi chez un des nombreux constructeurs aéronautiques artisans, qui foisonnent à la Belle Epoque, si l’on en croit sa fiche de recensement militaire datant de 1912 et qui le note comme exerçant la profession de « constructeur d’avions ». Son entrée sous les drapeaux est retardée car il obtient un sursis d’incorporation pour études : il décide d’entrer dans les ordres et rejoint le noviciat des pères rédemptoristes qui se trouve en Hollande en raison de l’interdiction des congrégations religieuses par le gouvernement de la République.
Il s’y trouve toujours quand éclate la guerre et rejoint immédiatement la France, où il va être incorporé le 21 août 1914 comme simple sapeur de 2e classe au 3e régiment du génie stationné à Arras. Après y avoir fait ses classes, il est affecté le 21 octobre 1914 à la 22e section d’infirmiers militaires, rattaché à la 152e division d’infanterie, et va passer plusieurs mois à porter secours aux combattants, en France durant la bataille de la Marne, puis au nord du front en Belgique où stationne son unité à partir du 26 avril 1915.
De sa garnison de Dunkerque il voit les appareils français et britanniques stationnant sur le terrain de St Pol sur Mer, et tout particulièrement l’escadrille MS 26 dont est membre Roland Garros, qui remporte au printemps 1915 quelques victoires aériennes sur son Morane équipée d’une mitrailleuse non synchronisée, tirant à travers l’arc de l’hélice dont les pales sont équipées d’un blindage. Cordonnier constate que l’hélice ainsi équipée voit sa performance aérodynamique réduite et il a l’idée d’un mécanisme original, fait d’un petit blindage amovible sortant du capot moteur juste devant la mitrailleuse pour en dévier les balles, et dont le mouvement de sortie est actionné par le mécanisme de l’hélice, quand une des pales arrive devant le champ de tir de la mitrailleuse. Comme il le précise dans sa correspondance ; « Mon pare-balles est un gros perfectionnement car il rend à l’aéro les 5 km/h qu’il perdait avec les pares balles Garros. » Un brevet est ainsi déposé en son nom et celui du commandant Cadroy, chef du génie de Dunkerque, le 10 septembre 1915. Des tests satisfaisants sont effectués localement, et un rapport est envoyé au ministère de la guerre. Sans résultat… Cependant, peut-être en compensation, Antoine Cordonnier voit accepter sa demande de passage dans l’aviation qu’il rejoint officiellement le 1er mars 1916.
Il entre alors dans le circuit des écoles de pilotage et obtient son brevet de pilote militaire à Avord en août 1916 ainsi que les galons de caporal. Placé en attente au Groupement des Divisions d’Entrainement en novembre suivant, ce n’est que le 16 février 1917 qu’il peut gagner le front à l’escadrille N 57 stationnant alors à Vadelaincourt dans le secteur de Verdun. Quatre mois après son arrivée, il remporte sa première victoire homologuée en détruisant un Drachen. Promu au grade de sergent, il se distingue par les nombreuses missions d’attaque au sol qu’il réalise jusqu’au 5 février 1918 où, promu au grade de sous-lieutenant, il est muté à la SPA 12, une autre unité du GC 13 à laquelle est rattachée la N 57.
Le GC 13 en entier va se déplacer dans l’urgence à Beauvais-Tillé le 30 mars 1918 pour faire face aux offensives allemandes du printemps, où Cordonnier repart dans des missions de mitraillage au sol de troupes ennemies mais obtient également sa 2e victoire homologuée contre un biplace. Il en remportera deux autres les 20 avril et 4 mai et vole désormais avec une flamme du sacré-cœur dans son appareil, comme le fait l’autre as séminariste Bourjade. Il attribue à cet oriflamme la protection divine dont il dit bénéficier dans sa correspondance à ses proches, et qui se manifeste par une 5e victoire homologuée le 8 juillet 1918 en venant au secours d’un groupe de Breguet 14 attaqués par huit chasseurs dont il descend l’un d’eux mais a fort à faire pour échapper aux sept autres.
Sa chance l’abandonne cependant le 28 juillet 1918. Décollant d’Arcy-Ste-Restitue (Aisne) dix minutes après une patrouille de SPAD de son escadrille, sans doute retardé par un problème mécanique, il ne reviendra pas se poser, probablement abattu par une patrouille de 4 Fokker D VII aperçue sur le secteur. Sa dépouille sera retrouvée et il repose désormais au cimetière militaire de Château-Thierry.
Sources
- Case matricule Roubaix Classe 1914 Mat 1175