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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Julien Guertiau

8 victoires sûres (dont 1 drachens), 1 victoires probables
Palmarès détaillé »

Julien, Anatole Guertiau voit le jour le 13 septembre 1885 à Meunet-Planches (Indre) dans une famille très modeste dont le père est un simple ouvrier agricole. Très vite, le jeune homme va quitter l’école et travailler aux champs, puis exercer la profession de cocher quand, une fois fêté son 21e anniversaire, il doit partir pour effectuer ses obligations militaires.

Il est alors incorporé au 17e régiment de chasseurs à cheval à Lunéville au mois d’octobre 1906 où il va rapidement prendre du galon en finissant son service deux ans plus tard avec le grade de maréchal des logis – un service militaire mouvementé dans lequel il a dû participer à la répression d’un mouvement social dans les Vosges durant lequel il sera blessé lors d’une échauffourée. Revenu à la vie civile, il s’installe à Paris, revient dans sa région natale près de Montluçon, puis se fixe à nouveau à Paris où il devient chauffeur automobile et se marie en 1913.

Quand éclate la guerre il est de nouveau mobilisé dans son régiment et vit les premiers affrontements en Belgique, participe à la bataille de la Marne et finit l’année 1914 dans les Flandres. En 1915 le régiment participe à la bataille de Champagne mais a de fait abandonné ses chevaux pour tenir les tranchées. Lassé comme beaucoup de cavaliers de cette guerre qui rend leur métier obsolète, Guertiau se porte alors volontaire pour le service aéronautique dans lequel il est accepté au mois de novembre 1915, gagnant les écoles de pilotage dont il ressort breveté et affecté au mois de juin 1916 à l’escadrille C.43. Equipée de Caudron G.4, c’est une unité de réglage d’artillerie stationnant alors à Cachy dans la Somme. Volant avec plusieurs observateurs différents (dont l’adjudant Borzecki, futur as), il alterne les missions de réglage d’artillerie avec les reconnaissances d’armée, prises de photographies du front et liaisons d’infanterie. Se révélant comme un pilote agressif n’hésitant pas à chercher le combat avec l’aviation ennemie, il remporte avec son observateur sa première victoire aérienne le 22 septembre 1916. Promu au grade d’adjudant, il va remporter trois autres victoires sur le secteur du Chemin des Dames aux mois d’avril, mai et juin 1917, à bord de son Caudron qui n’est théoriquement pas conçu pour la chasse.

Ces succès attirent l’attention de sa hiérarchie qui le mute dans la chasse où ses talents seront bien mieux employés. Il part alors se former sur chasseur au Groupement des Divisions d’Entrainement au mois d’octobre 1917 pour se retrouver avec le grade de sous-lieutenant affecté à l’escadrille SPA 97 au mois de décembre. La formation est à cette époque amalgamée avec les SPA 37, 81 et 93 pour former le Groupe de Combat n°15 qui va être rattaché à la Division Aérienne du général Duval, la force de frappe de l’aviation française chargée d’établir la supériorité aérienne. Les offensives de printemps seront l’occasion de nombreux combats contre l’aviation allemande et Guertiau va à cette occasion remporter quatre nouvelles victoires aériennes entre les mois d’avril et septembre 1918, le meilleur score de son escadrille qui cependant est d’un rendement médiocre en ne remportant que 13 victoires collectives alors que les autres escadrilles du GC 15 en ont entre quatre à cinq fois plus. Conscient de la valeur de Guertiau, le chef du GC 15 le promeut au grade de lieutenant à la fin du mois de septembre 1918 pour lui confier le commandement de la SPA 97 – un honneur particulièrement rare pour un réserviste. L’action de Guertiau est très bien notée par sa hiérarchie qui constate une meilleure tenue de l’escadrille, mais l’arrivée de l’armistice ne lui permet pas d’augmenter son tableau de chasse personnel qui se clôt au total de 8 victoires homologuées et 10 autres probables.

Hospitalisé peu après l’armistice pour avoir contracté la grippe espagnole, il obtient d’intégrer l’armée d’active au mois de mars 1919 et se porte volontaire pour l’aviation d’Indochine, embarquant pour cette lointaine colonie au mois de décembre 1919. Devenant l’adjoint du commandant de l’aviation locale, il va réaliser plusieurs vols exploratoires sur le territoire de la colonie parsemé de jungle, puis revenir en France en 1923 où il va poursuivre sa carrière dans l’aéronautique militaire en connaissant plusieurs affectations au régiment du Bourget, à l’école de Versailles en 1925 où il est promu capitaine, au régiment d’aviation de Thionville en 1926 puis à l’école d’Etampes en 1929. Toujours très bien noté par sa hiérarchie pour ses talents d’organisateur, il est victime d’un accident de vol le 20 avril 1932 qui le laisse avec une sérieuse blessure à la main gauche dont il ne retrouvera jamais l’usage complet. Ses problèmes de santé le conduisent à deux doigts de la réforme à laquelle il échappe en 1934, poursuivant sa carrière avec le grade de commandant en Afrique Equatoriale Française jusqu’en 1937, date à laquelle il est mis en congé de l’armée de l’air pour avoir atteint la limite d’âge de son grade.

Il s’installe alors dans le Massif Central, devenant le directeur du centre national de vol sans moteur de la Banne d’Ordanche, dans le massif des monts Dore, et va contribuer à former de nombreux pilotes de planeur, premier marchepied vers l’aviation et l’armée de l’air. Il trouve cependant assez rapidement son uniforme de l’armée de l’air, puisqu’il est mobilisé le 27 juillet 1939 et affecté à l’inspection générale des écoles, étant promu au grade de lieutenant-colonel au mois de mars 1940. Démobilisé peu après l’armistice, il se retire dans sa commune natale de Meunet-Planches et va immédiatement s’investir dans la résistance. Dès le mois d’octobre 1940, il adhère au mouvement du général Cochet, militaire initialement pétainiste appelant à la reprise de la lutte avec les alliés, et va se faire son propagandiste en transportant des tracts ce qui lui vaudra d’être interné pendant 17 jours par les Allemands à Vierzon le 16 novembre 1940. Il gagne alors Paris où il va de nouveau être arrêté pendant un mois par les autorités d’occupation au mois d’avril 1941, pour revenir dans le Massif Central prendre la direction de son école de planeurs mais en laissant son épouse à Paris avec laquelle il va divorcer. Au mois de mai 1942, il démissionne de son emploi pour s’installer près d’Aix-les-Milles d’où, après l’invasion de la zone sud par l’Allemagne, il va s’investir encore plus activement dans la résistance en effectuant à ses frais une reconnaissance des défenses côtières sur la façade méditerranéenne, près de Sète, en collaboration avec un agent du service de renseignements « Air » basé à Marseille. Il va participer en 1944 aux combats de la libération dans le Massif Central et devenir l’adjoint du chef du groupement FFI de Châteauroux, faisant le coup de feu contre les troupes allemandes.

Officiellement rappelé à l’activité du 3 mars 1945 avec le grade de colonel, il est démobilisé un an plus tard et se retire dans sa commune natale de Meunet-Planches. Il s’éteint huit ans plus tard sur la commune de Mont Dore à l’âge de 68 ans, le 26 avril 1954.

Sources

  • Dossier individuel SHD n°1P 23109/4

Palmarès de Julien Guertiau

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
1 22-sept-16 C 43 Caudron G.4 LVG C Moislains Avec Sgt Paul Dechoz en observateur. En coll. Avec un autre Caudron G.4
2 28-avr-17 C 43 Caudron G.4 Avion Epine de Chevregny Avec un observateur inconnu.
3 30-mai-17 C 43 Caudron G.4 Avion Bois de l’Echelle Avec Lt Louis Fromont en observateur. En coll. Avec un autre Caudron G.4
P1 30-mai-17 C 43 Caudron G.4 Avion Bois de l’Echelle Avec Lt Louis Fromont en observateur. En coll. Avec un autre Caudron G.4
4 25-juin-17 C 43 Caudron G.4 Albatros E. Grateuil Avec S/Lt Paul Velte en observateur.
5 12-avr-18 SPA 97 Drachen Avec MdL Legagneux et Cprl Cheyne
6 22-juil-18 SPA 97 Avion
7 28-août-18 SPA 97 Avion
8 15-sept-18 SPA 97 Avion Avec Adj Lucas et Sgt Corcelle