- Sous-lieutenant Pierre Marinovitch
Nationalité française
- Breveté pilote militaire le 15 novembre 1916 (brevet n°4910)
- Cité dans le communiqué aux armées du 8 juillet 1918
- Escadrilles SPA 94, N 38
- Né le 1er/08/1898 à Paris
- Mort le 2/09/1919 à Bruxelles (Belgique) (Accident aérien.)
Décorations
- Chevalier de la Légion d’Honneur
- Médaille Militaire
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Croix de Guerre
10 palme(s)
1 étoile vermeil
Profils
Pierre Marinovitch
Le benjamin des as
21 victoires sûres, 3 victoires probables
Palmarès détaillé »
Pierre Marinovitch naît le 1er août 1898 dans le 16e arrondissement de Paris, issu d’une famille de la haute bourgeoisie originaire d’Europe de l’Est. En effet, sa mère est d’origine polonaise, tandis que son père, d’origine serbe, est un ingénieur des arts et manufacture qui a fait fortune en commercialisant le théatrophone, un téléphone inventé par Clément Ader et qui permet aux abonnés du service d’écouter à distance des représentations de spectacle. C’est donc dans un milieu privilégié que grandit le jeune Pierre qui passe une partie de son enfance en Irlande et acquiert une bonne maîtrise de l’anglais, du russe, du serbo-croate et de l’allemand qu’il parle couramment.
Quand éclate la guerre, Pierre Marinovitch vient de fêter son 16e anniversaire mais est animé par l’envie de se battre, car l’année de ses 18 ans, le 31 janvier 1916, son père effectue une déclaration de nationalité qui lui confirme sa nationalité française de par sa naissance à Paris. Dès l’accomplissement de cette formalité, le jeune homme s’engage volontairement pour la durée de la guerre à la mairie du 8e arrondissement de Paris. Il est alors incorporé au 27e régiment de dragons comme simple soldat de 2e classe. Il va probablement connaître les tranchées du front, son unité stationnant à cette date à l’arrière des lignes à Gournay en Bray, au nord-ouest de Beauvais, et envoie régulièrement des détachements de cavaliers à pied pour tenir les tranchées. Un événement tragique le fait revenir à Paris : le décès de son père le 2 juillet 1916, à l’âge de 59 ans. A cette date, il a déjà fait sa demande pour passer dans l’aviation.
Sa demande sera acceptée le 8 septembre 1916 et il intègre les écoles d’aviation et débute assez laborieusement son apprentissage, ne montrant selon ses instructeurs que de « très relatives qualités pour le pilotage ». Il sort néanmoins breveté en mars 1917 avec le grade de brigadier et se retrouve affecté à l’escadrille N 38 dans la Marne, où il va piloter un Sopwith biplace et d’ailleurs rapidement tomber malade. Après deux mois d’hospitalisation, il va être muté le 23 juin 1917 à l’escadrille N 94 où, promu maréchal des logis, il va se révéler en tant que chasseur. Selon le témoignage de son camarade d’escadrille André Martenot de Cordoux, « Marino était un bon tireur, mais pas un bon pilote. Il a cassé plusieurs avions. Il n’avait aucune tactique : juste foncer et s’appuyer sur ses bonnes compétences de tir. Un jour il s’est posé trop bas sur le bord du terrain, où se trouvait une route bordée d’un talus. Il est tombé dans ce talus et s’est écrasé – c’était un atterrissage typique de Marinovitch. »
Il ouvre son score le 8 septembre 1917 à bord de son Nieuport 24bis, en descendant un chasseur ennemi, suivi d’un biplace capturé dans les lignes françaises le 5 décembre. Il devient un as le 19 janvier 1918 en remportant sa 5e victoire homologuée en descendant un chasseur Albatros D. Cette victoire lui vaut également 8 jours d’arrêts simples, qui lui sont infligés par son chef d’escadrille pour le motif suivant : « Conduisant une patrouille de deux avions, est allé loin dans les lignes ennemies, malgré la défense faite, pour y combattre un avion qu’il a descendu. »
En février 1918 l’escadrille N 94 reçoit des chasseurs SPAD et se trouve amalgamée dans le GC 18, lui-même une composante de la division aérienne du général Duval qui va mener de nombreux combats lors des offensives allemandes du printemps 1918. Marinovitch, promu adjudant, va remporter de nombreuses autres victoires aux commandes de son appareil désormais décoré du nouveau symbole de la SPA 94, « la mort fauchant ». Sa 10e victoire, obtenue le 1er juin 1918 avec beaucoup d’audace à deux contre 12, lui donne droit de voir son nom figurer dans le communiqué aux armées, ce qui est effectif le 9 juillet quand son score est déjà monté à 12. La presse parle de lui et insiste sur son jeune âge de 19 ans, le baptisant « Benjamin des as ». Il remportera encore 9 victoires homologuées de plus jusqu’à la fin de la guerre, portant son score à 21.
Restant à son escadrille, il doit être hospitalisé en février 1919 où il quitte la SPA 94 pour l’escadrille des grands raids, une formation organisée par l’état-major pour réaliser des raids de prestige avec le matériel militaire très abondant après la guerre. Marinovitch va y préparer une liaison de Paris vers le pays d’origine de sa mère, la Pologne, avec une escale par la Tchécoslovaquie. Mais il n’aura pas l’occasion de la mener à bien. Envoyé en Belgique pour y réaliser une exhibition aérienne, son SPAD s’écrase le 2 septembre 1919 sur le terrain d’Evere près de Bruxelles, après une acrobatie réalisée à basse altitude. Pierre Marinovitch, le plus jeune des as de 14-18, est alors tué sur le coup, un mois après son 21e anniversaire.
Sources
- État civil de la ville de Paris
- Dossier individuel Service Historique de l’Armée de Terre (Ref 5YE 162-112)