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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Lionel Marmier (-de)

7 victoires sûres, 8 victoires probables
Palmarès détaillé »

Alexandre Léonel Pierre (lit Lionel) Picaud, voit le jour le 4 décembre 1897 à Bellegarde-en-Marche, village de la Creuse, et descend d’une longue et prestigieuse lignée de notables. Son père biologique François de Marmier est officier de carrière et descendant des Ducs de Marmier sans en porter le titre ; cependant il n’a pas épousé sa mère avec qui il a eu quatre enfants (3 garçons, 1 fille) dont Lionel est le dernier. Il reconnait néanmoins son fils à la mairie cinq jours après sa naissance et le jeune Lionel portera désormais le patronyme de son père. Il ne le connaîtra sans doute que fort peu : affecté en Afrique noire l’année qui suit sa naissance, François de Marmier ne revient en France qu’en 1904 où il sera affecté au 51e régiment d’infanterie à Beauvais. Le couple va alors se séparer : Mlle Picaud s’installe à Paris tout en gardant une résidence à Bellegarde, tandis que M. François de Marmier se marie le 11 juillet 1908 à Epoisses (près de Dijon) avec une aristocrate bon teint, fille d’un comte. Il contribue néanmoins à l’éducation des quatre enfants puisqu’au moins deux d’entre eux peuvent accomplir des études. Les trois garçons se passionnent tous pour l’aviation : François, l’ainé, s’engage dans l’armée en 1910 et y devient pilote militaire. Paul, diplômé des Arts et Métiers, obtiendra également son brevet de pilote lors de son service militaire en 1913.

Quant à Lionel, il a 17 ans en 1914 et suit un cours de préparation à l’école des Arts et Métiers de Lille. La guerre le bouleverse car il doit évacuer la région envahie par les troupes allemandes, et il apprend le décès de son père mort au champ d’honneur le 25 août 1914. Réfugié chez sa mère à Paris alors que ses deux frères ainés sont au front et se distinguent dans l’aviation militaire, il brûle d’envie de les imiter mais doit attendre le 12 janvier 1916 son appel sous les drapeaux, où il est mobilisé dans l’aviation grâce à ses études. Envoyé en école pour devenir mécanicien, il part très vite vers les écoles de pilotage d’où il sort breveté avec le grade de caporal et placé le 2 novembre 1916 en attente d’une place en unité opérationnelle au Groupement des Divisions d’Entraînement. Il a la douleur d’y apprendre la mort de son frère Paul tué accidentellement dans une collision à l’escadrille N 112. Brûlant du désir de le venger, il obtient de le remplacer dans cette escadrille qu’il rejoint le 1er décembre 1916.

L’unité stationne alors dans l’Oise mais ne tarde pas à gagner la Champagne, où, amalgamée avec les escadrilles N 37, 78 et 102, elle va former le Groupement de Combat n°15 du commandant Ménard et va couvrir le front à l’Est de Reims où se prépare une attaque secondaire, en soutien avec l’offensive prévue au début du mois d’avril sur le Chemin des Dames. C’est là que le jeune caporal Lionel de Marmier, promu sergent en avril, revendique ses trois premiers succès mais dont aucun ne lui sera homologué. Ce n’est que le 22 août 1917, alors que l’escadrille N 112 stationne la région de Verdun sous les ordres du capitaine Pierre Mérat que Lionel de Marmier va remporter son premier succès homologué contre un avion tombé dans les lignes allemandes.

Ce n’est qu’à partir de l’année 1918 que son score va s’envoler alors que son unité est envoyée près de Belfort sur le front des Vosges. Se liant d’amitié avec un autre pilote de son âge, le caporal Fernand Chavannes, il va remporter en sa compagnie cinq autres victoires homologuées contre des biplaces d’observation. La N 112 quitte le front des Vosges le 29 mars 1918 pour s’installer à Thiers-sur-Thève dans la Somme pour faire face à l’offensive allemande du printemps lancée sur le secteur, qui bouscule les lignes britanniques. Les combats aériens vont s’y révéler intenses et sans commune mesure avec ceux du front des Vosges. Décoré de la médaille militaire le 9 avril 1918, Lionel de Marmier remporte sa 7e et dernière victoire homologuée de la guerre le 31 mai 1918 contre un avion descendu à Lassigny. Promu au grade de sous-lieutenant, sa chance l’abandonne quand il est blessé d’une balle dans le pied le 5 juin 1918 qui le met sur la touche jusqu’au mois de septembre. Il sera muté avec son ami Chavannes à la nouvelle escadrille SPA 176 le 3 novembre 1918 mais celle-ci n’aura pas le temps de combattre, l’armistice survenant 8 jours plus tard.

Si la fin de la guerre est accueillie avec soulagement par l’immense majorité des combattants, elle ne convient pas au jeune officier qui indique être prêt à se battre contre les bolcheviques… Jugé comme étant d’une éducation moyenne et ayant beaucoup à apprendre pour faire un bon officier, il est démobilisé au mois d’octobre 1919. Lionel de Marmier va alors rapidement se trouver une situation dans l’aviation civile en devenant pilote d’essais à la société Nieuport, puis pilote de ligne à la Compagnie franco-roumaine de navigation aérienne dont le chef-pilote est l’as Albert Deullin. En compagnie de ce dernier, il effectue un vol exploratoire Paris-Istambul et retour en 35 heures de vol. Parallèlement à son métier d’aviateur, il apprécie aussi le pilotage de voitures de course et, de 1923 à 1927, va participer à plusieurs compétitions automobiles européennes à bord de voitures Salmson, dont les célèbres 24 heures du Mans ou l’anneau de Montlhéry.

Au mois de juin 1926 il devient pilote d’essais de la maison Potez va s’adjuger plusieurs records de vitesse et distance avec des appareils de la firme. Entrant en 1929 comme pilote de ligne à la compagnie Aéropostale, il passe en 1933 à la compagnie Air France qui a absorbé cette dernière, et en devient un de ses pilotes de ligne les plus expérimentés. Il se marie en 1935 et deux fils vont naître de cette union. Lors de la guerre d’Espagne, il effectue quelques convoyages d’appareils livrés aux républicains espagnols.

Quand éclate la seconde guerre mondiale il est mobilisé en tant que commandant de réserve et sa place naturelle serait de diriger une unité de transport ou de bombardement. Mais, parfaitement entraîné du fait de son métier, il demande à être affecté dans la chasse et est chargé en février 1940 d’instruire les pilotes du Dépôt d’Instruction de l’Aviation Polonaise (DIAP) qui ré-entraine les pilotes polonais sur les matériels français, avec lesquels ils sont affectés dans des unités combattantes, soit individuellement, soit sous forme de patrouilles de 3 à 6 appareils envoyés en renfort dans des groupes de chasse, soit formant des patrouille de protection d’usine. Un groupe de chasse entièrement polonais est cependant formé, le GC I/145 « Varsovie », sur du matériel de seconde main, le Caudron-Renault CR 714, chasseur léger très peu blindé. Désigné officier de liaison du Groupe quand celui-ci est déclaré opérationnel et envoyé au combat, Lionel de Marmier va faire le coup de feu avec les pilotes polonais et le 3 juin 1940 mène une patrouille de trois appareils qui intercepte des bombardiers Heinkel 111 au-dessus de Villacoublay. Selon son carnet de vol, il aurait revendiqué un de ces bombardiers comme « sûr » et deux autres comme « probables », mais aucun ne lui seront homologués. Le GC I/145 au terme d’une courte campagne va se replier pour le terrain de Rochefort le 17 juin 1940 où les pilotes abandonnent leurs appareils et embarquent pour l’Angleterre deux jours plus tard.

Lionel de Marmier se retrouve au Pays Basque quelques jours plus tard d’où il où il rassemble tous les volontaires qui veulent gagner l’Angleterre pour y poursuivre la lutte. Il embarque lui-même le 24 juin 1940 à St Jean de Luz avec des troupes polonaises sur un bateau anglais, l’Ettrick, qui rallie le port de Plymouth le 27 juin.
Rallié à la France Libre du général De Gaulle dont il est le premier officier supérieur d’aviation, il dirige avec le grade de lieutenant-colonel l’aviation de la France Libre lors de la tentative de ralliement de Dakar, qui échoue, et celle en Afrique Equatoriale Française qui réussit au terme quelques affrontements avec les forces locales fidèles à Vichy. Lionel de Marmier va être nommé le 25 novembre 1940 chef d’état-major des Forces Aériennes Françaises Libres au Moyen-Orient. A ce titre, il va superviser la création d’une base aérienne sur l’Oasis d’Ounianga-Kébir au mois de janvier 1941 d’où 12 Lysander et 6 Blenheim partent pour des missions de reconnaissance et de bombardement des positions italiennes de Koufra les 2, 5 et 10 février 1941 appuyant la progression de la colonne Leclerc qui prend l’oasis le 2 mars 1941 et offre à la France Libre sa première victoire militaire. Cependant, faute de matériel adapté, les bombardements effectués sont très peu précis, ce qui va être la source d’un violent conflit de personne entre Leclerc et De Marmier, lequel va également avoir des relations difficiles avec le général Valin, nouveau chef des forces aériennes françaises libres.

Chargé par le général de Gaulle de rassembler sous la bannière de la France Libre l’ensemble des aviateurs français éparses combattant avec les britanniques, Lionel de Marmier va regrouper ses hommes sur le terrain de Damas le 13 août 1941, après la conquête de la Syrie vichyste par les troupes britanniques et gaullistes. Il va y fonder le Groupe de Bombardement Lorraine (Squadron 342) le 24 septembre 1941, qu’il aurait bien souhaité emmener au combat, mais le général De Gaulle a pour lui d’autres projets en lui confiant la tâche de créer un service aérien pour relier les territoires de la France Libre et affirmer sa souveraineté vis-à-vis des alliés. Une tâche immense pour Lionel de Marmier,, promu colonel en mars 1942, et pour laquelle il doit partir de rien… Mais qu’il va mener à bien avec obstination en montant ce qui deviendra le Réseau Central des Transports Aériens Militaires (RCTAM), récupérant divers appareils permettant la création de lignes régulières entre le Tchad et la Syrie, puis Djibouti, Madagascar et la Réunion au fur et à mesure du ralliement de ces territoires à la France Libre – il inaugure même une liaison Damas-Moscou en octobre 1943. Il aura l’honneur de pilote l’appareil qui amènera le général De Gaulle en Normandie libérée en 1944, et va descendre à ses côtés l’avenue des Champs-Elysées à la libération de Paris. Nommé au grade de général de brigade le 25 septembre 1944, il accompagne du 24 novembre au 16 décembre 1944 le Général à Moscou qui y signe le pacte Franco-Russe avec Staline.

Alors que la France est libérée, Lionel de Marmier ne verra pas la victoire finale sur l’Allemagne. Le matin du 30 décembre 1944, il décolle d’Alger vers Toulouse à bord d’un Lockheed Lodestar du RCTAM transportant 2 autres membres d’équipage et 9 passagers. Le temps est mauvais et l’appareil disparaît au large des Baléares. Le corps du général de Marmier sera retrouvé le 4 avril 1945 à 13h17 dérivant en mer par 38°10 N et 12°04, au large de la Sicile à 40 km de Trapani, par un petit patrouilleur de la marine américaine. Formellement identifié grâce à ses papiers d’identité, le corps est en partie décomposé et ne peut être trouvé aucun indice quant aux circonstances du décès. Il est rendu à la mer par l’équipage américain après un office religieux catholique organisé par l’officier médecin du navire.

Sources

  • Dossier individuel SHD n°1P 31 565/3

Palmarès de Lionel Marmier (-de)

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
P1 28-mars-17 N 112 Avion
P2 29-avr-17 N 112 Avion
P3 12-mai-17 N 112 Avion
1 22-août-17 N 112 Avion Lignes allemandes
P4 30-sept-17 N 112 Avion Verdun
P5 30-sept-17 N 112 Avion Verdun
P6 03-oct-17 N 112 Avion Béthincourt Avec Cne Pierre Mérat
P7 01-nov-17 N 112 Biplace Watronville
2 02-févr-18 SPA 112 Biplace S. Altkirch Avec Sgt Georges Reynaud
3 05-mars-18 SPA 112 DFW C Munster / Colmar Avec Sgt Chavannes
4 05-mars-18 SPA 112 DFW C Munster / Colmar Avec Sgt Chavannes
P8 10-mars-18 SPA 112 Avion Frontière Suisse Avec Sgt Chavannes
5 11-mars-18 SPA 112 Rumpler C IV S. Petit Croix Avec Sgt Chavannes - FA 289b, équipage capturé
6 23-mars-18 SPA 112 Rumpler C La Frapelle Avec Sgt Chavannes - FA 10, Vfw Bänsch et Ltn Ehmann tués
7 31-mai-18 SPA 112 Avion Lassigny
8 03-juin-40 GC I/145 Caudron C.714 Avion
P9 03-juin-40 GC I/145 Caudron C.714 Avion
P10 03-juin-40 GC I/145 Caudron C.714 Avion