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Eugène Weismann
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cocarde française

As 14 - 18

Les as français de la Grande Guerre

Décorations

Profils

Eugène Weismann

7 victoires sûres, 0 victoires probables
Palmarès détaillé »

Eugène Edmé Weismann naît le 18 mars 1896 dans le 18e arrondissement de Paris d’une famille aisée de la capitale, où son père est un médecin réputé. Son enfance est sans souci particulier et sa famille peut s’offrir de belles vacances à la campagne ou à la mer durant les congés scolaires. Selon ses dires, c’est durant celles de Pâques 1909, alors que sa famille est installée dans la villa d’un oncle près du Mans, qu’il réalise son premier vol à l’âge de treize ans sur le Flyer de Wilbur Wright : le célèbre pionnier américain aurait demandé un volontaire pas trop lourd voler avec lui pour effectuer quelques tours de piste.

Quand la guerre éclate le 2 août 1914, le Weismann est un jeune bachelier de 18 ans qui commence à travailler dans une banque. Bien que n’étant pas encore accompli son service militaire, il décide par patriotisme de s’engager volontairement le 26 septembre 1914 et se retrouve incorporé comme simple soldat au 28e régiment d’infanterie. Il va être engagé sur le front et subir à deux reprises une blessure, puis, après avoir été promu caporal puis sergent en 1915 va intégrer l’école d’officiers d’active de St Cyr en 1916 ce qui lui vaut sa nomination au grade d’aspirant. Mais il n’a pas le temps d’effectuer la moindre scolarité dans la prestigieuse institution puisqu’il doit très vite retourner au front dans son régiment, où une attaque allemande le laissera très grièvement blessé le 1er juin 1916 quand une grenade lui déchiquète les deux pieds.

Évacué et soigné par son propre père à l’hôpital parisien St Lambert, il en ressort mutilé car son pied droit doit subir une amputation métatarsienne (ne conservant que son talon) tandis que le pied gauche doit être amputé de la quasi-totalité des orteils. Il veut néanmoins continuer à se battre et refuse sa réforme : incomplètement rétabli, il se rend au mois de juin 1917 à l’école de Tir de Cazaux où il est instruit au fonctionnement des mitrailleuses. En juillet il est en poste à l’école d’Avord comme professeur de tir aérien. Souhaitant lui-même reprendre le combat, il finit par être affecté fin novembre 1917 comme mitrailleur à l’escadrille SOP 132 à Luxeuil.

Celle-ci ne tarde pas à être rééquipée sur Breguet 14 et intégrée à la Division Aérienne, qui sera très sollicitée lors des offensives allemandes du printemps 1918 pour attaquer au sol les troupes ennemies et leurs lignes de ravitaillement. C’est ainsi qu’Eugène Weismann va remporter ses premiers succès, abattant deux chasseurs allemands en collaboration avec les deux autres équipages de son peloton le 2 juin 1918. Il va désormais voler en tant que mitrailleur avec le chef d’escadrille, le capitaine Jean Jannekeyn, avec lequel il va abattre son 3e appareil ennemi le 22 août 1918. Puis, le 14 septembre 1918, une large formation de Breguet 14 attaque la gare de Conflans lors de l’offensive menée contre le saillant de St Mihiel. Attaqués par une large formation de chasseurs ennemis qui font des coupes sombres dans leurs rangs (7 avions perdus), les Breguet revendiquent en retour 8 assaillants dont 4 pour l’escadrille BR 132 qui sont tous homologués en commun à quatre équipages.

Weismann termine alors la guerre avec 7 victoires aériennes, toutes obtenues en tant que mitrailleur. Mis à la retraite de l’armée en raison de ses infirmités en 1919, il ouvre une société de commercialisation d’automobiles de marque américaine dans la région parisienne. Parallèlement à ses activités professionnelles, il milite dans le milieu associatif des anciens combattants et devient en 1936 le président de la Fédération Nationale des Combattants Volontaires.

Quand éclate la seconde guerre mondiale, il est rappelé dans l’armée de l’air et mobilisé au comme instructeur au centre d’instruction de bombardement de Caen en octobre 1939. Il contribue à la transformation sur matériel moderne de nombre d’équipages mais qu’il voit partir au front alors que la situation est déjà compromise. Démobilisé le 2 août 1940, il se retire dans la région parisienne désormais occupée par l’envahisseur allemand.

Il utilisera son carnet d’adresses dans le milieu des anciens combattants pour agir dans la résistance, rejoignant rapidement un groupe clandestin à Neuilly et se retrouvera à l’Etat-major des FFI de Paris-Ouest au moment de la libération de Paris. Se portant volontaire au ministère de l’air pour servir dans une unité combattante, il va se retrouver affecté comme pilote mis à la disposition du général Corniglion-Molinier, commandant les forces françaises de l’Atlantique faisant face aux garnisons allemandes retranchées dans des ports et encerclées par des FFI. Employé comme officier de liaison auprès du détachement aérien des Forces Américaines de l’Atlantique, il trouve le moyen de faire des vols de guerre en découvrant que le Groupe de Reconnaissance III/33 demande des officiers observateurs. « Je me suis débrouillé pour faire des missions aériennes et je dois dire que je me suis follement amusé, cela effaçait mes souvenirs désagréables de 1940 !  » Il effectue 19 missions de guerre sur Fieseler Storch en réalisant des missions de réglage d’artillerie dont la toute dernière pour laquelle il obtiendra une citation, en se trompant sur l’emplacement du tir qu’il fait diriger… Mais qui tombe fortuitement sur un dépôt d’artillerie allemand, qui explose en laissant une gigantesque colonne de fumée !

Dès l’Allemagne vaincue, fonde en juillet 1945 avec un ami aviateur une petite compagnie de transport aérien, la « Compagnie Air Transport », dont il est le cofondateur avec son ami aviateur le capitaine Louis-Jacques Ottensooser. Équipée de Bristol Freighter, la société transporte des fromages entre Caen et l’Angleterre en 1947 (« camembert airlines »), ainsi que la presse parisienne en Afrique du Nord en 1949, date à laquelle elle fusionnera avec la compagnie Transsaharienne, elle-même absorbée par Air-Algérie en 1953. Toujours maintenu dans les réserves de l’armée de l’air, il effectue des périodes de réserve en tant qu’officier d’état-major et participe aux manœuvres « blue alliance » de 1952, même si ses supérieurs notent que le vieil officier n’est plus tout à fait en phase avec les spécificités de la guerre moderne… Parallèlement, il milite dans le milieu associatif des anciens combattants et reprend jusqu’en 1966 la présidence de la Fédération nationale des combattants volontaires (FNCV) qu’il avait prise en 1936. Il s’éteint le 14 juillet 1973 à Paris à l’âge de 77 ans.

Sources

  • Interview orale d’Eugène Weismann réalisée par le général Barthélémy, Service Historique de la Défense, Vincennes.
  • Fiche Mémoire des Hommes

Palmarès de Eugène Weismann

DateHeureEscadrilleAvion pilotéRevendiquéLieuNotes
1 02-juin-18 BR 132 Breguet 14 (en mitrailleur) Chasseur Pilote : Adj Germain. En coll. avec deux autres équipages.
2 02-juin-18 BR 132 Breguet 14 (en mitrailleur) Chasseur Pilote : Adj Germain. En coll. avec deux autres équipages.
3 22-août-18 BR 132 Breguet 14 (en mitrailleur) Chasseur Pilote : Cpt Jannekeyn
4 14-sept-18 9h BR 132 Breguet 14 (en mitrailleur) Fokker D VII Conflans-Jarny Pilote : Cpt Jannekeyn. En collaboration avec trois autres équipages
5 14-sept-18 9h BR 132 Breguet 14 (en mitrailleur) Fokker D VII Conflans-Jarny Pilote : Cpt Jannekeyn. En collaboration avec trois autres équipages
6 14-sept-18 9h BR 132 Breguet 14 (en mitrailleur) Fokker D VII Conflans-Jarny Pilote : Cpt Jannekeyn. En collaboration avec trois autres équipages
7 14-sept-18 9h BR 132 Breguet 14 (en mitrailleur) Fokker D VII Conflans-Jarny Pilote : Cpt Jannekeyn. En collaboration avec trois autres équipages